OPA : Suez accueille fraîchement une nouvelle proposition de Veolia

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Par Catherine HOURS - Paris (AFP)
Publié le 11 mars 2021 - 14:50
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La direction de Suez s'oppose au projet de fusion avec Veolia, synonyme selon elle de casse sociale et industrielle
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© KENZO TRIBOUILLARD, ERIC PIERMONT / AFP/Archives
La direction de Suez s'oppose au projet de fusion avec Veolia, synonyme selon elle de casse sociale et industrielle
© KENZO TRIBOUILLARD, ERIC PIERMONT / AFP/Archives

Veolia, engagé dans une OPA hostile sur Suez, a proposé jeudi de maintenir intact le groupe Suez en France, une démarche destinée à rassurer les salariés et les élus mais immédiatement jugée comme "manquant de sérieux" par le groupe assiégé.

Nouvel épisode de la saga industrielle et boursière de l'année, le PDG de Veolia Antoine Frérot a proposé de maintenir intact Suez France, qu'il céderait au fonds français Meridiam pour ne garder que les activités internationales de son rival.

Si le conseil d’administration de Suez répondait favorablement, Suez "resterait inchangé en France avec son périmètre eau et déchets de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires (environ un tiers du total, ndlr) et ses plus de 25.000 salariés", a plaidé Veolia.

La proposition suffira-t-elle à dénouer le conflit fratricide? Suez a régi très fraîchement.

"Le conseil d'administration étudiera les propositions de ce jour même si, à ce stade, la proposition de Veolia manque de sérieux", a-t-il indiqué, estimant que "les activités en France constitueraient un ensemble non pérenne puisqu'amputées de la croissance et de l’innovation des développements internationaux".

"À défaut de réelle volonté de négociation et de propositions sérieuses, le groupe poursuit son projet industriel", ajoute Suez.

Evoquant devant la presse "une proposition d'ouverture majeure pour pacifier" la situation, Antoine Frérot a proposé jeudi "de préserver les activités de Suez en France au sein d'un même groupe", qui serait cédé à Meridiam et deviendrait ainsi un "concurrent de Veolia".

"Il est plus que temps de revenir à la raison. Veolia souhaite conclure un accord avec la direction de Suez qui permettrait de sortir les salariés, les clients et les actionnaires de l'incertitude", a-t-il dit, souhaitant aussi rassurer les pouvoirs publics inquiets du maintien de la concurrence sur ces services essentiels.

Il s'agit de "maintenir intact Suez France: les activités eau et déchets resteront ensemble dans une même entreprise, appelée Suez et dans laquelle Meridiam investira", avec la "garantie pendant au moins quatre ans de 100% des emplois," a dit le PDG.

Selon lui, "rien ne changerait pour les salariés de Suez en France", qui bénéficieraient "d'un avenir serein et une promesse de développement". Jusqu'ici, Veolia prévoyait de céder à Meridiam la seule activité Eau France, que les règles de la concurrence lui interdisent de garder.

Sur la même ligne que la direction, le représentant du personnel de Suez a cependant jugé jeudi qu'il s'agissait d'"une mort lente" pour le groupe.

"On est content car M. Frérot nous donne raison en empêchant le démantèlement de la France", a dit à l'AFP le secrétaire du comité d'entreprise européen Franck Reinhold Von Essen (CGT). "Mais il faudrait le double du périmètre qu'il veut nous laisser. Suez est dimensionné pour être une multinationale, pas une PME française".

- Assemblée générale en juin -

Numéro un des services à l'environnement, Veolia a déjà acquis en octobre 29,9% des parts de son rival auprès d'Engie, avant de se lancer à l'assaut du restant pour créer "la référence mondiale de la transformation écologique".

Depuis, direction et syndicats de Suez se débattent pour tenter de faire échouer un projet synonyme selon eux de démantèlement et de destructions d'emplois.

De recours judiciaires en amabilités distillées par voie de presse, la bataille est devenue une guerre par tous les moyens, sans que les lignes ne bougent fondamentalement à ce stade.

Pour Veolia, qui a déposé le 8 février son OPA hostile faute d'accord amiable, le projet se poursuit "comme prévu", estime Antoine Frérot, qui table sur une douzaine de mois, le temps de recevoir les visas des autorités de la concurrence issues de 22 pays.

Le patron de Veolia a aussi confirmé son offre de 18 euros l'action, montant jugé trop bas par Suez (le cours actuel est juste en-dessous).

Suez fait valoir son propre modèle de développement: "l'agilité" plutôt que la taille. L'ex-Lyonnaise des Eaux, engagée depuis 2019 dans un plan de rotation d'actifs pour se recentrer sur des activités à forte valeur, a accéléré les cessions ces derniers mois.

Son directeur général Bertrand Camus a récemment annoncé une 2e salve de cessions à l'étranger, et des informations sur des négociations ont fait sortir Veolia de ses gonds.

Antoine Frérot a ainsi menacé dimanche de poursuite tout administrateur de Suez qui autoriserait la vente d'actifs stratégiques internationaux, notamment les sociétés de traitement de déchets en Australie et au Royaume Uni.

"Si Suez cédait ces actifs, il ne pourrait y avoir d'accord et les actionnaires trancheraient", a-t-il prévenu jeudi.

L'assemblée générale des actionnaires de Suez, prévue d'ici la fin juin, devrait de fait arbitrer si les deux rivaux ne parvenaient pas à s'accorder.

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