Bénin : abstention massive aux législatives en signe de protestation

Auteur:
 
Par AFP - Porto Novo
Publié le 28 avril 2019 - 15:33
Image
Un bureau de vote à Cotonou, le 28 avril 2019
Crédits
© Yanick Folly / AFP
Un bureau de vote à Cotonou, le 28 avril 2019
© Yanick Folly / AFP

Le Bénin, pays réputé pour être un exemple de démocratie en Afrique de l’Ouest, a voté dimanche pour élire ses députés lors d'un scrutin historique où l’opposition n’a pas été autorisée à se présenter, marqué par une abstention massive et une coupure totale de l'internet, marquant un tournant autoritaire du président Patrice Talon.

La radio nationale a appelé en vain les 5 millions d'électeurs béninois à "accomplir leur devoir de citoyen" et à se rendre aux urnes pour élire leurs 83 députés.

Mais l'opposition, privée de candidats à la suite d'une révision de la loi électorale, avait appelé ses partisans à ne pas aller voter, en signe de protestation.

- Les Béninois ont boudé les urnes -

Les Béninois, mécontentent de la situation dans leur grande majorité, ne sont pas desendus dans les rues pour manifester mais ont signifié leur désaccord en boudant les urnes en masse.

Les rues étaient quasiment vides à travers le pays et notamment à Cotonou, la capitale économique, où les commerces et marchés sont restés fermés toute la journée par crainte d'échauffounées.

Dans les bureaux de vote, les électeurs ont défilé "au compte-gouttes", expliquait à la mi-jouréne Kpleli Glele Marius, président d'un bureau de vote de Seme-Podji, région de l'opposant en exil Sébastien Ajavon.

Dans la dizaine de bureaux de vote visités par l'AFp à Seme-Podji, aucun n'a dépassé les 35 votants sur plus de 400 inscrits.

- "On n'a jamais vu ça " -

Les représentants de la Commission électorale (Céna) ainsi que les observateurs des partis étaient atterrés et fatigués par des heures d'attente "On n'a jamais vu ça", confiait l'un d'eux au moment du dépouillement. "La population n'est pas sortie".

Dans la région d'Allada, la participation moyenne des bureaux visités dépassait difficielement les 20%.

En effet, il semble que même les partisans du président ne se sont pas rendus aux urnes.

"Je ne suis pas un opposant farouche. A vrai dire, je supporte le président Talon", explique à l'AFP Wilfrid Pokini. "Mais je ne soutiens pas cette élection. Une élection sans opposition, c'est quoi ça?" s'interroge ce commerçant de Porto Novo. "Ca va trop loin".

"La vague d’arrestations arbitraires de militants politiques et de journalistes et la répression des manifestations pacifiques ont atteint un niveau alarmant au Bénin", s'est inquiété Amnesty International dans un communiqué publié vendredi soir.

Le Parlement a approuvé fin 2018 la mise en place d'un nouveau code électoral pour simplifier le paysage politique et empêcher la prolifération des partis (plus de 250 dans un pays de 12 millions d'habitants).

Toutefois, même les principaux mouvements de l'opposition ne sont pas parvenus à remplir les conditions imposées par la Céna et n'ont pu présenter leur liste.

Cinq millions de Béninois étaient inscrits sur les listes électorales et ont eu jusqu'à 16h00 (15H00 GMT) pour choisir entre le Bloc Républicain et l'Union Progressiste, deux mouvements proches du président Patrice Talon.

Beaucoup accusent le président Patrice Talon, élu en avril 2016, d'être à l'origine de cette situation. "Il se prend pour plus grand que Dieu lui-même", pestait chef Ekpé, à la sortie d'un bureau de vote de Sene-Podji. La société civile béninoise ainsi que des représentants internationaux n'ont pas souhaité déployer d'observateurs en signe de mécontentement.

Les principaux opposants au président Talon vivent actuellement en exil, et récemment de nombreux militants, politiques ou journalistes ont été interpellés ou convoqués au commissariat. C'était également la stupéfaciton dimanche matin lorsque le pays s'est réveillé sans aucun accès aux réseaux sociaux pour la première fois de son histoire. Au cours de la journée, tout accès à internet a été coupé sur l'ensemble du territoire.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.