Israël remet à l'agenda un projet décrié comme relevant de l'annexion

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 26 octobre 2017 - 12:34
Image
Le Mur de séparation israélien, qui sépare Jérusalem de la ville de Hizma (G) en Cisjordanie occupée
Crédits
© THOMAS COEX / AFP
Le Mur de séparation israélien, qui sépare Jérusalem de la ville de Hizma (G) en Cisjordanie occupée, le 26 octobre 2017
© THOMAS COEX / AFP

Israël a remis à l'ordre du jour un projet revenant à l'annexion d'implantations juives construites en territoire palestinien occupé autour de Jérusalem, selon les adversaires de la colonisation qui dénoncent un coup redoutable porté à la paix.

Une commission composée de ministres examinera dimanche un texte intitulé "loi sur le Grand Jérusalem", ont indiqué deux promoteurs du projet, le ministre des Transports Israël Katz et le député Yoav Kisch, membre du Likoud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

La loi incorporerait à la municipalité israélienne de Jérusalem des colonies se trouvant au sud et à l'est de la ville, non pas en Israël, mais en Cisjordanie, territoire occupé par l'armée israélienne depuis 50 ans.

Au coeur du conflit israélo-palestinien, Jérusalem jouxte la Cisjordanie. Les querelles essentielles et non résolues sur le statut de la ville et sur son partage ou non entre Israël et les Palestiniens se conjuguent ici avec la colonisation, considérée par la communauté internationale comme illégale et faisant obstacle à la paix, pour faire de la loi en question un chiffon rouge pour les Palestiniens.

Une adoption en commission ministérielle ouvrirait la voie au débat parlementaire. Cependant, l'examen de textes aussi sensibles, y compris la "loi sur le grand Jérusalem", a déjà été reporté par le passé après avoir été mis à l'agenda.

- Continuité territoriale -

Examiné ou pas dimanche, le texte a provoqué d'indignation palestinienne.

Il vise à perpétuer l'occupation israélienne, "légaliser la présence des colons extrémistes juifs sur le sol palestinien et parachever la coupure totale" entre Jérusalem-Est, la partie palestinienne de Jérusalem, et la Cisjordanie, a déclaré Hanane Achraoui, une dirigeante de l'organisation de libération de la Palestine.

Une telle césure, déjà avancée, est un motif d'alarme permanent pour les Palestiniens. Ils veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Israël a annexé Jérusalem-Est et proclame tout Jérusalem sa capitale indivisible.

Les colonies autour de Jérusalem, dont certaines visées par la "loi sur le Grand Jérusalem" comme Maale Adoumim ou Goush Etzion, coupent Jérusalem-Est de la Cisjordanie et compromettent la construction d'un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le projet de loi ainsi que les récents agissements israéliens "représentent la fin de la solution à deux Etats", c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël, a estimé Mme Achraoui.

Cette solution, référence de la communauté internationale pour résoudre le conflit, paraît de plus en plus compromise, a fortiori avec le refus du président américain Donald Trump de s'engager en sa faveur.

L'adoption prolongerait une série de décisions en faveur de la colonisation. Israël a approuvé la semaine passée la construction de 2.646 logements pour colons en Cisjordanie, et, mercredi, celle de 176 autres au coeur d'un quartier palestinien de Jérusalem-Est.

- Cosmétique -

Certaines colonies sont situées profondément en Cisjordanie. D'autres, également en territoire palestinien, jouxtent Israël, ou appartiennent à des "blocs" dont les Israéliens estiment communément qu'ils doivent faire partie d'Israël, même dans l'éventualité de concessions territoriales dans le cadre d'un règlement négocié avec les Palestiniens.

"Cet endroit fera un jour partie de l'Etat d'Israël", avait assuré M. Netanyahu en octobre à Maale Adoumim.

M. Netanyahu fait face à la surenchère du lobby de la colonisation et de membres de son propre gouvernement non seulement hostiles à la solution dite à deux Etats mais favorables à l'annexion de parties de la Cisjordanie.

Les colonies qui passeraient sous juridiction de Jérusalem représentent une population estimée à 150.000 personnes. Cet apport à la municipalité de Jérusalem "maintiendra l'équilibre démographique" de la ville, indique le texte, touchant là à une question stratégique. Il permettra aussi d'accélérer les constructions, dit-il ouvertement.

Il ne stipule pas que les colonies seraient "annexées" à Israël, mais "adjointes" à Jérusalem, tout en préservant une certaine "autonomie" en devenant des "sous-municipalités".

La différence est purement cosmétique, souligne l'organisation anti-israélienne La Paix maintenant.

"Si elle est adoptée, cette loi constituera une annexion de fait et un pas résolu vers une annexion de droit", a-t-elle réagi.

L'idée est d'accélérer la construction dans les colonies et de "créer sur le terrain des faits accomplis ruinant les chances d'une solution à deux Etats", a-t-elle estimé.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.