Didier, colleur d'affiches dans le métro parisien, un métier vieux de 70 ans

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 mars 2016 - 08:50
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Didier, 52 ans, colleur d'affiches de pub dans le métro.
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"On a une formation (...) mais il faut au moins six mois pour être opérationnel", dit Didier Saux, 52 ans.
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A l'heure du numérique, il est un papier qui résiste bien: les publicités dans le métro. Des kilomètres d'affiches qui sont encore collées à la main, comme il y a 70 ans. Reportage avec Didier, 52 ans, "afficheur" depuis huit ans et qui "ne regrette pas du tout".

Déballer les affiches, les classer, préparer la colle. Tous les matins, le même rituel. Didier Saux est afficheur dans le métro parisien, un métier qui n'a quasiment pas changé depuis près de 70 ans.

"Le secret d'un bon posage d'affiche, c'est le dosage de la colle!", explique-t-il à l'AFP en diluant de la colle en poudre dans un seau d'eau. "Il faut que l'affiche colle bien et en même temps qu'on puisse l'enlever facilement". Ce grand gaillard de 52 ans est le principal colleur d'affiches de l'immense station Montparnasse, fréquentée par plus de 30 millions de voyageurs en 2014. Il est responsable de 450 panneaux sur les 550 que compte la station.

Comme lui, ils sont 150 à travailler dans le métro pour Metrobus, la régie publicitaire de la RATP créée en 1949. Une société que le géant français de l'affichage publicitaire JCDecaux cherche à racheter entièrement, alors qu'il en détient aujourd'hui 33%. Le métier d'afficheur, lui, a "très peu changé en près de 70 ans", constate Erik Sèves, coordinateur Metrobus et ancien afficheur. "Les outils et les gestes sont toujours les mêmes".

A l'heure de la tournée, Didier remplit sa musette avec les affiches et la jette sur son dos. "Quand elle est bien pleine, elle peut peser jusqu'à 30 kg. Il faut pas être fainéant, c'est physique comme métier!". Un seau dans chaque main, les brosses et le riflard -un petit couteau- bien accrochés à la ceinture, il se précipite dans les escaliers du métro.

Première étape, enduire les affiches de colle. "On les encolle d'abord et on les laisse détremper. Si on les colle tout de suite, ça va faire des plis partout". Autre opération incontournable: le décapage. Armé de son riflard, Didier arrache les anciennes affiches. "Quand il y a trois ou quatre affiches au-dessus des autres, il faut les enlever, autrement ça ne passe plus".

Les afficheurs sont payés à chaque acte effectué sur le panneau publicitaire. En plus de leur salaire fixe, ils touchent une prime pour chaque affiche collée et décollée. Un système qui permet aux anciens de toucher jusqu'à deux fois le smic. Les nouveaux contrats, eux, ne bénéficient pas de ce système de primes. Quand vient le moment de la pose, Didier déplie ses affiches, les plaque et les colle avec une brosse. Il enchaîne les gestes avec rapidité et précision. "On a une formation pour apprendre à encoller, à poser, mais il faut au moins six mois pour être opérationnel. Le plus dur, c'est d'attraper le coup de main".

Pour être poseur d'affiche, il faut "juste être travailleur et manuel", estime Didier, qui a travaillé pendant 25 ans comme cuisinier avant de trouver ce poste. "Ca fait huit ans et je ne regrette pas du tout. Ce que j'aime, c'est de travailler à mon propre rythme. Si le travail est bien fait, on n'est pas embêté". Et malgré le flot incessant de voyageurs pressés, le métier de Didier suscite parfois sympathie ou curiosité. "Certains vous disent bonjour, vous sourient. Parfois, on aide la mamie à porter ses courses. D'autres s'arrêtent, ils sont étonnés par notre rapidité, notre façon de manipuler les affiches".

Car, si l'affichage numérique se développe, il reste marginal: 600 panneaux numériques actuellement sur les 60.000 espaces publicitaires du réseau RATP. "Le papier restera très longtemps majoritaire, il n'est pas question de mettre partout du numérique, qui coûte très cher", explique Gérard Unger, le président de Metrobus. "Le numérique va continuer à se développer mais il ne va pas tuer le papier".

 

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