A Versailles, une auto-école sociale propose le permis à 250 euros

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 16 juin 2016 - 11:35
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Une voiture d'auto-école.
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©PGF/Sipa
Cinq élèves de l'auto-école sociale de Versailles ont déjà obtenu leur permis de conduire.
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Belle initiative sociale à Versailles, où une auto-école financée par le conseil départemental et le Fonds social européen propose à certains bénéficiaires du RSA de prendre jusqu'à 100 heures de code et 60 heures de conduite pour 250 euros seulement. Ici les moniteurs ne sont pas là "pour faire tourner le business" mais pour accompagner les clients dans une "démarche de réinsertion, de resocialisation", témoigne un employé.

Passer le permis pour 250 euros seulement, c'est ce que propose l'auto-école sociale de Versailles à certains bénéficiaires du RSA. Pour eux, un coup de pouce vers un retour à l'emploi et pour certains un moyen de se resocialiser en douceur. Venir à l'auto-école quatre fois par semaine, "ça me redonne beaucoup de motivation. On se sent valorisé. Moralement, ça fait beaucoup de bien", témoigne Romain Dutailly, qui souhaite après deux ans de chômage retravailler comme ouvrier dans les espaces verts.

Ne pas disposer du permis de conduire lui "a toujours porté préjudice". Mais "financièrement, je ne pouvais pas", explique le jeune homme de 26 ans, qui vit près de Rambouillet. Passer le permis dans une école classique coûte en moyenne 1.000 à 2.000 euros. Jean-Claude Vasseur, lui, a perdu tous les points de son permis moto en 1993. Il a alors conduit sans permis. Mais après la perte de son emploi il y a un an, "la situation sociale" de ce père séparé "s'est dégradée très vite". Désormais au RSA, il souhaite retrouver du travail comme livreur. "J'adore conduire!", lance le quinquagénaire. Mais comment faire sans permis B ?

Romain et Jean-Claude font partie d'un groupe d'une dizaine de personnes venues assister au cours de code dispensé par le moniteur Bruno Mélard. Sur l'écran devant eux, dans une salle mise à disposition par le département, à l'origine du dispositif, défile une vidéo de mise en situation. Contrairement aux autres auto-écoles, l'enseignant intervient constamment, répond aux questions, vérifie que tout est compris. "Dans les auto-écoles classiques, il n'y a pas de cours" à proprement parler, c'est plutôt "de la correction automatique", les moniteurs sont plus là "pour faire tourner le business", estime Bruno Mélard. Alors qu'ici c'est une "véritable démarche de réinsertion, de resocialisation", dit-il encore.

Le dispositif est ouvert "aux bénéficiaires du RSA ou d'une prime d'activité en situation de construire un projet professionnel dans lequel vient s'inscrire l'obtention du permis", précise la directrice de l'auto-école Catherine Lavignas. Pôle emploi, CAF ou encore services sociaux peuvent orienter le public concerné vers ce dispositif. Celui-ci permet au bénéficiaire de pouvoir prendre jusqu'à 100 heures de code et 60 heures de conduite. Le tout pour 250 euros pour les plus désargentés.

Pour le reste, l'auto-école de Versailles est financée par le conseil départemental et le Fonds social européen. Côté privé, le constructeur Renault a fait un don permettant l'achat de deux voitures-école d'occasion.

Au volant de l'une d'elle, Yvette, 44 ans, aide à domicile. Elle en est à sa 20e heure de conduite. Mais pour cette mère de famille qui élève seule ses quatre enfants et qui n'a jamais pris que les transports en commun, rien n'est évident une fois au volant. "Accélère, accélère", l'encourage gentiment Stéphane Caplain, le moniteur. "Quand on a le permis, on est libre, on peut faire ce qu'on veut. On me propose parfois de travailler la nuit, mais comment m'y rendre sans voiture?", explique cette femme qui ne gagne que 850 euros par mois.

L'auto-école sociale de Versailles, gérée par l'association La Sauvegarde, a ouvert ses portes fin 2015 et accueilli 20 bénéficiaires. Cinq ont déjà obtenu le précieux papier rose. Deux d'entre eux ont aujourd'hui du travail, les trois autres sont "en recherche active", selon Mme Lavignas. Grâce à ce dispositif, le département des Yvelines, qui compte 31.000 bénéficiaires du RSA, s'est "attaqué à la principale cause d'échec de ces publics à un examen difficile et aujourd'hui essentiel", se félicite Pierre Bédier, président du conseil départemental qui se dit ouvert "à tous les partenariats" pour pouvoir développer le concept. L'ouverture d'une seconde école est d'ores et déjà prévue à la rentrée à Mantes-la-Jolie, dans le nord du département, zone largement moins favorisée que Versailles.

 

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