"Lien direct" entre mortalité routière et Gilets jaunes : les approximations de Castaner

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VL
Publié le 01 mars 2019 - 15:03
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Christophe Castaner lors de ses voeux à la police, le 10 janvier 2019 à Chatel-Saint-Germain (Moselle)
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© JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
Christophe Castaner a établi un "lien direct" entre les dégradations de radars par les Gilets jaunes et la hausse de la mortalité routière.
© JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Christophe Castaner a jugé ce jeudi 1er mars qu'il y avait un "lien direct" entre les dégradations de radars commises en marge des actions des Gilets jaunes. Il avance des chiffres sur la hausse des excès de vitesse, mais d'autres données et certaines approximations de la part du ministre permettent de mettre en doute une conclusion un peu rapide.

Les Gilets jaunes responsables des la hausse du nombre de morts sur la route en janvier. La remarque de Christophe Castaner sur le "lien direct" entre les dégradations des radars et la hausse de la mortalité routière en janvier n'est pas passée inaperçue.

Interrogé sur un éventuel lien sur France 2 ce vendredi, Christophe Castaner a déclaré: "A peu près 75% du parc des radars a été soit détruit, soit détérioré, soit attaqué, soit neutralisé. Oui il y a un lien direct. (...) Au bout du compte ça fait des morts".

De nombreux internautes ont réagi en dénonçant un raccourci de la part du ministre, arguant qu'il n'apportait pas la preuve que les accidents mortels de janvier dernier ont eu lieu en raison d'excès de vitesse réalisés à proximité des radars vandalisés.

Voir: Sécurité routière - le nombre de morts sur les routes en hausse de 3,9% en janvier

Le ministre de l'Intérieur a persisté et signé sur Twitter, renvoyant à "l'exemple très concret" qu'il a apporté le matin même. Selon lui, certains radars masqués ne peuvent plus flasher mais continuent à enregistrer la vitesse. "Sachez qu'au mois de décembre en moyenne, il y a quatre fois plus d'infractions à proximité des radars masqués que dans les faits quand ils fonctionnent". Cela car les automobilistes habitués sauraient qu'ils ne risquent pas de PV.

Un "exemple concret" dont les conséquences sur le nombre de morts peut toutefois être discuté. D'abord parce que la mortalité mensuelle dépend de nombreux facteurs autres que la vitesse, comme par exemple la météo. Mais surtout, Christophe Castaner utilise ici une hausse des excès de vitesse en décembre 2018 pour expliquer la hausse des morts en janvier 2019. Or en décembre 2018, le nombre de tués sur les routes était resté parfaitement stable par rapport à décembre 2017.

Les chiffres avancés par le ministre de l'Intérieur semblent bien montrer que des automobilistes "profitent" des dégradations de radars pour rouler plus vite, alors que la vitesse est une des principales causes de mortalité routière. Mais établir un "lien direct" semble en l'occurrence quelque peu précipité.

D'autant plus que les radars automatiques sont régulièrement décriés pour être installés là où il y a le plus d'excès de vitesse pouvant donner lieu à une amende, mais pas sur les routes les plus dangereuses.

En juin 2017, un rapport du Sénat pointait ce décalage: "La répartition des équipements fixes privilégie le réseau autoroutier (11.560 km), qui représentent environ 30 % du trafic, mais concentre moins de 7 % des accidents (2010-2014) et 15 % des équipements fixes. Le décalage observé est encore plus flagrant sur les nationales - 4 % du trafic - qui concentrent 26,5 % des équipements fixes mais 8,4 % des accidents. A l'inverse, 83 % des accidents se produisent sur les routes départementales et communales mais ces réseaux ne rassemblent 55 % des équipements fixes", détaillait ce texte, recommandant un déploiement plus équilibré.

De son côté, la Sécurit routière assure que "la décision d’implanter ou d’utiliser des radars n’est jamais prise en considération d’intérêts financiers, mais uniquement pour contribuer à la réduction des morts et des blessés sur nos routes".

Lire aussi:

"Gilets jaunes": près de 60% des radars dégradés

91,2% des recettes des radars ont financé la sécurité routière en 2017 (ministère)

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