Retraites : la réforme dans l'arène de l'Assemblée, sous la pression de la rue

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FranceSoir avec AFP
Publié le 06 février 2023 - 11:30
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AFP/Archives/Geoffroy Van der Hasselt
Retraites: la réforme dans l'arène de l'Assemblée, sous la pression de la rue.
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Le compte à rebours est lancé : l'inflammable projet de réforme des retraites arrive lundi devant l'Assemblée nationale pour deux semaines à haut risque, sous la pression des opposants qui organisent deux nouvelles journées de mobilisation.

Le coup d'envoi des débats sera donné à 16 h 00, dans un hémicycle qui s'annonce archicomble pour cette bataille autour du report de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ, réforme phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron.

Au banc du gouvernement, le ministre du Travail Olivier Dussopt, fragilisé par des soupçons de "favoritisme" dans l'attribution d'un marché public lorsqu'il était maire d'Annonay, sera entouré de collègues de Bercy pour ce texte budgétaire.

À l'approche de deux journées d'action, mardi et samedi à l'appel de l'intersyndicale, la cheffe du gouvernement a martelé qu'avec cet âge légal à 64 ans, "nous demandons un effort collectif aux Français" mais "notre objectif est d'assurer l'avenir de notre système de retraite par répartition".

Dans une concession de dernière minute, Mme Borne a annoncé que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans, une extension du dispositif carrières longues - une demande des députés LR, dont les voix sont cruciales.

Ce geste sera-t-il suffisant aux yeux de la droite ? Non pour Aurélien Pradié notamment, qui pointe une "tromperie" et demande d'aller plus loin pour ceux ayant commencé à cotiser tôt.

Mais le président du groupe Olivier Marleix lui rétorque lundi dans le Figaro que "Les Républicains - ni aucun syndicat - n'ont demandé de modifier les règles d'accès aux carrières longues". Quant à son homologue au groupe Renaissance, Aurore Bergé, elle a opposé sur France info une fin de non-recevoir : "C'est pas parce que j'ai bossé quatre, cinq semaines l'été que je suis dans les mêmes conditions que celui qui a commencé à travailler à 20 ans sans discontinuer".

Côté syndicats, l'effort de Mme Borne n'a pas convaincu : c'est une "rustine" qui "n'est pas la réponse" attendue "à la mobilisation massive constatée", a dénoncé Laurent Berger, le patron de la CFDT.

Déjà deux journées de grève et de manifestations, les 19 et 31 janvier, ont réuni chaque fois plus d'un million de manifestants selon la police, plus de deux millions selon les organisateurs.

"On compte sur le fait qu'il y ait des mobilisations pour que les élus de la République prennent en compte l'avis des citoyens", a déclaré lundi sur France 2 le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

Le trafic sera fortement perturbé mardi à la SNCF et la RATP.

"Projet contre projet"

Lundi au Palais Bourbon, les députés LFI défendront d'emblée une demande de rejet de l'ensemble de la réforme, "brutale" et "injuste". Le vote sur leur motion pourrait donner quelques sueurs froides au camp présidentiel. Puis le groupe RN, également contre les 64 ans, portera sa demande de référendum sur la réforme, qui a, elle, peu de chances d'être validée par l'Assemblée.

Les députés s'attelleront ensuite aux quelque 20 000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13 000 par LFI - de "l'obstruction bête et méchante", étrille le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

"20 000 amendements, c'est faire croire qu'on veut le débat et opposer la violence de l'obstruction", s'est agacé Olivier Dussopt lundi sur Europe 1. Mme Borne avait dit espérer "un vrai débat, projet contre projet", en lieu et place des "caricatures" jusqu'alors, selon elle.

Mais ce flux d'amendements "permet de gérer un peu le tempo, accélérer, ralentir", au lieu de se laisser dicter le rythme, oppose l'Insoumis François Ruffin, qui veut avec la Nupes pouvoir relayer dans l'hémicycle "la vie des gens", "la France du réel".

Les macronistes, qui ne disposent que d'une majorité relative, ne sont pas à l'abri d'accidents de parcours lors de votes. Et si l'Assemblée ne vient pas à bout des amendements d'ici au 17 février minuit, le texte passera au Sénat, du fait du choix de l'exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécurité sociale.

Ce temps contraint est vivement critiqué par les oppositions, qui comptent néanmoins parvenir à discuter de l'article 7 consacré au report de l'âge de la retraite. Les autres points chauds du texte se concentrent autour de la situation des femmes, qui pourraient être perdantes avec le recul de l'âge de départ, la pénibilité ou encore l'emploi des seniors.

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