Effondrement d'immeubles à Marseille : entre habitat délabré et marchands de sommeil


Sur les images visibles sur Google Street View avant l'accident, les immeubles qui se sont effondrés à Marseille sont encore bien visibles. Et si le 63 de la rue d'Aubagne apparaît comme abandonné, les fenêtres du premier étage murées, le 65, lui, est visiblement occupé avec du linge aux fenêtres et une antenne parabolique. En tout, une dizaine d'habitants occupaient les lieux selon le procureur de la République de Marseille. Mais le 63 n'était pas vide non plus. Selon le témoignage de riverains pour le journal local La Provence, des personnes occupaient les murs, soit pour y passer la nuit, soit pour s'y dissimuler quelques heures.
Mercredi 7 au matin, deux nouvelles victimes ont été officialisées portant le nombre provisoire de décès à six. Les secours recherchent toujours d'autres disparus, et le bilan définitif reste encore sujet à caution.
Ce drame, outre son bilan humain tragique, souligne surtout deux problèmes endémiques à Marseille. Le premier, qui concerne le 65, celui habité "légalement" est celui de l'habitat insalubre. Le 18 octobre dernier, une expertise avait amené la réalisation de travaux et les autorités ont autorisé la réintégration des habitants. Une habitante de l'immeuble, une étudiante de 25 ans, a notamment témoigné pour dire que dimanche 4, elle a quitté les lieux constatant que le bâtiment "bougeait". Une décision qui lui a peut-être sauvé la vie. Selon les chiffres d'un rapport de 2015 conduit par Christian Nicol, un ancien inspecteur général de l'administration, 13% du parc privé de Marseille est en situation "d'habitat indigne", un terme désignant juridiquement des "logements dont l’état, ou celui du bâtiment dans lequel ils sont situés, expose les occupants à des risques manifestes, pouvant porter atteinte à leur sécurité physique ou à leur santé".
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Autre problème, à rapprocher du cas de l'immeuble du 63 cette fois-ci, celui des marchands de sommeils générant des revenus illégaux sur le dos de ceux qui n'ont d'autre choix que d'habiter dans ces bâtiments dangereux à des prix prohibitifs. S'il n'est pas encore certain que les personnes ayant habité dans le 63 soient dans cette situation –il peut aussi s'agir de squatteurs– l'hypothèse est crédible. Selon Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, pas moins de 44.000 logements sont sous la coupe de marchands de someil dans la ville de Marseille.
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