"Épuisée de l'acharnement judiciaire", Jacqueline Sauvage renonce à faire appel

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 18 août 2016 - 21:41
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Jacqueline Sauvage renonce à faire appel de son maintien en prison, ont annoncé ses avocates, ce jeudi.
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Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent et ayant bénéficié d’une grâce présidentielle en janvier, renonce à faire appel de son maintien en prison, ont annoncé ses avocates, ce jeudi.

"Épuisée de l'acharnement judiciaire à son encontre", Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, a renoncé à faire appel du rejet de sa demande de libération conditionnelle.

Le tribunal d'application des peines (TAP) de Melun (Seine-et-Marne) avait refusé le 12 août d'accorder une libération conditionnelle à cette femme devenue un symbole des violences conjugales et partiellement graciée par François Hollande. "Notre cliente a décidé de se désister de l'appel qu'elle allait interjeter contre ce jugement", ont indiqué jeudi ses avocates à l'AFP.

Mme Sauvage "pourra déposer une nouvelle demande de libération conditionnelle si elle le souhaite", a précisé à l'AFP la procureure de Melun, Béatrice Angelelli. Mais, "à ce jour, notre cliente n'est pas dans cet état d'esprit", ont souligné les avocates. Carole Marot, une des filles de Jacqueline Sauvage, a assuré à BFTMV que sa mère ne "croyait plus en la justice". "Elle n'en peut plus de se justifier sans arrêt. Elle ne fera plus de demande de libération conditionnelle et attendra la fin de sa peine", a-t-elle ajouté.

Le parquet, qui soutenait une libération conditionnelle, ne fera pas non plus appel: une telle démarche était en effet, sur le plan de la procédure, conditionnée à un appel de la défense. Du fait des réductions de peine automatiques, Mme Sauvage pourrait sortir en 2018, a expliqué la procureure de Melun. Jacqueline Sauvage, 68 ans, a été condamnée en appel en décembre à dix ans de prison par la cour d'assises du Loir-et-Cher pour le meurtre de son mari, qui la battait depuis des années et avait violé ses filles.

La condamnation de la sexagénaire avait suscité une vague de mobilisation, et la demande de grâce présidentielle formulée par ses filles avait été appuyée par de nombreux parlementaires et personnalités. Le chef de l'État lui avait accordé le 31 janvier une grâce "partielle", notamment de la période de sûreté, ce qui lui avait permis de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle.

Dans sa décision, le TAP de Melun avait notamment reproché à Mme Sauvage "de ne pas assez s'interroger sur son acte" et avait estimé qu'elle ne pouvait "prétendre vivre à proximité des lieux des faits, dans un environnement qui, compte tenu des soutiens dont elle bénéficie, et de la médiatisation des faits, risquerait de la maintenir dans une position victimaire". Ses avocates avaient dénoncé un "véritable acharnement judiciaire" de la part de magistrats "qui probablement règlent leurs comptes car la grâce présidentielle a été extrêmement mal perçue par l'ensemble de la profession".

Après cette décision, les soutiens de Mme Sauvage ont lancé une nouvelle pétition en ligne pour réclamer sa "libération immédiate". Elle a recueilli à ce jour près de 215.000 signatures. "Jacqueline Sauvage DOIT sortir", avait tweeté l'actrice Eva Darlan, présidente de son comité de soutien.

Des responsables politiques, dont la maire PS de Paris Anne Hidalgo et François Bayrou (Modem), avaient critiqué une décision "incompréhensible". Jacqueline Sauvage avait été reconnue coupable, en première instance comme en appel, d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal.

Lors de son procès, ses trois filles avaient témoigné à charge contre leur père, entrepreneur d'une société de transport, tué à l'âge de 65 ans. Toutes trois ont été violées, battues comme l'était leur mère. Leur frère, également victime des violences de son père, s'était suicidé la veille du jour où Jacqueline Sauvage a tiré sur son mari. L'avocat général avait au contraire estimé que la légitime défense n'était "absolument pas soutenable".

 

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