Assurance emprunteur : la décision du Conseil constitutionnel libère un marché de 6,5 milliards d'euros

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La rédaction
Publié le 24 janvier 2018 - 17:52
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Des pancartes d'agences immobilières.
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©Philippe Huguen/AFP
Les assureurs traditionnels ont de belles perspectives de croissance avec la décision du Conseil constitutionnel?
©Philippe Huguen/AFP
ARTICLE PARTENAIRE - Le Conseil constitutionnel a considéré que tous les consommateurs ont le droit de changer l'opérateur de leur assurance-emprunteur, quelle que soit la date de souscription du prêt. Un coup dur pour les banques et une aubaine pour les assureurs traditionnels, même si la bataille s'annonce rude.

C'est une onde de choc saluée par les compagnies d'assurances et beaucoup moins par les banques qui voient un juteux business leur échapper. Vendredi 12, le Conseil constitutionnel a validé la possibilité pour les consommateurs de changer chaque année de contrat d'assurance emprunteur. C'est le dernier clou sur le cercueil du monopole de fait des banques qui imposaient jusque-là leurs propres contrats pour accorder un prêt.

La législation permettait déjà de changer pour les offres de prêt émises depuis le 22 février 2017, mais la Fédération bancaire française avait contesté devant la plus haute juridiction constitutionnelle la possibilité d'appliquer cette disposition aux prêts antérieurs.

Les sages de la rue Montpensier ont tranché: oui, tous les emprunteurs de crédit en cours peuvent changer d'assurance et se défaire des contrats d'assurance collectifs proposés par les banques pour choisir leur propre opérateur (sous-entendu, une offre moins chère).

En 2016, le marché de l'assurance emprunteur ne représentait pas moins de 6,5 milliards d'euros. Et pas moins de 85% était détenu par les banques. Et le secteur était particulièrement rentable. Les souscripteurs à un crédit immobilier n'avaient souvent pas la main dans le rapport de force pour refuser un contrat. En outre, majoritairement âgés de 30 à 45 ans, ils représentent une population présentant un risque de sinistre faible, tout en étant captifs la durée de leur crédit (qui avait de plus tendance à s'allonger).

C'est donc maintenant un nouveau marché dans lequel vont pouvoir s'engouffrer les assureurs traditionnels, les agents économiques les mieux armés pour proposer de nouvelles offres pensées pour assurer au mieux les emprunteurs. Et les poids lourds du secteur voient maintenant de belles perspectives de croissance s'ouvrir. L'assurance emprunteur Allianz France espère ainsi conquérir des parts de marché en la doublant d'ici cinq ans. Le groupe ne compte pour l'instant dans son portefeuille "que" 600.000 contrats.

Le leader de l'assurance va devoir maintenant faire face à la riposte des banques qui ne comptent pas se faire délester de la sorte du marché. Celles-ci pourraient s'engager dans une guerre des prix profitant d'un accès privilégié aux clients qui franchissent d'abord la porte d'une agence bancaire pour demander un crédit et un taux, avant de songer à solliciter une assurance.  

Face à cet avantage –qui lui n'a rien d'anticonstitutionnel!– les acteurs majeurs de l'assurance comptent sur leurs atouts inciter les clients potentiels à voir au-delà des seuls acteurs bancaires. Et la pierre angulaire de la réussite des assureurs réside dans un mot: accompagnement. En effet, les banques risquent encore de dominer largement le marché pour la première souscription des emprunteurs, avant que ceux-ci ne se décident à trouver mieux ailleurs pour réduire leurs charges. Et il faudra alors que les assureurs sachent accompagner cette demande qui devra d'abord, pour pouvoir souscrire à un contrat apportant au minimum des garanties similaires, se défaire de leur précédent contrat. Pas sûr que les banques ne laissent partir facilement ce qu'elles considéraient comme leur "chasse gardée". 

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