Brexit : Londres craint de perdre son attractivité économique

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 26 juin 2016 - 17:08
Image
Shard Londres
Crédits
©Gordon Joly/Flickr
La ville de Londres a connu une croissance de son PIB de 3,3% en 2105.
©Gordon Joly/Flickr
Londres jouit d'un dynamisme économique considérable. Mais la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne pourrait changer la donne.

Le Brexit va-t-il couper les ailes au dynamisme de Londres? La mégapole va forcément perdre en attrait pour certains investisseurs, avec d'inévitables répercussions pour son économie florissante.

Quelque 60% des électeurs de Londres ont voté le 23 juin pour que le Royaume-Uni reste membre de l'Union européenne, mais le reste du pays en a décidé autrement. Et la capitale peuplée de 8,6 millions d'habitants, dont le Produit intérieur brut (PIB) équivaut à celui de la Norvège, se ronge les sangs pour savoir ce que cela signifiera pour son économie.

Hors de l'UE, Londres ne pourra plus prétendre à oeuvrer comme porte d'entrée des entreprises américaines ou asiatiques sur le marché unique européen.

"Certaines entreprises qui voient en Londres une plate-forme pour desservir le marché européen intégré vont déplacer au moins une partie de leur siège dans d'autres villes de l'UE", prédit ainsi Greg Clark, spécialiste en développement des villes au think-tank Brookings Institute.

Une première banque, l'américaine JPMorgan qui emploie 16.000 personnes au Royaume-Uni, a fait savoir dès vendredi qu'elle pourrait déplacer des emplois hors du pays.

Selon l'agence de notation Standard and Poor's, un cinquième de l'activité bancaire mondiale est réalisée à Londres. Une hémorragie de banquiers toucherait la ville de plein fouet: le secteur financier y fournit un emploi sur trois, soit 1,25 million de postes. Les services dans leur ensemble représentent 85% des emplois, ayant complètement supplanté l'industrie manufacturière qui a longtemps fait la force de la métropole.

"Il est essentiel que nous restions partie prenante du marché unique", a enjoint le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, plaidant pour que sa ville ait voix au chapitre pendant les négociations avec l'UE sur les modalités de sortie.

Partie comme un gag mais révélatrice d'inquiétudes profondes, samedi soir une pétition pour un "Lexit" qui consacrerait l'indépendance de la capitale avait recueilli plus de 140.000 signatures.

Malgré ces inquiétudes, M. Clark de Brookings juge néanmoins probable qu'au final, "le nombre net d'emplois perdus ne soit pas énorme, parce que les entreprises vont se réorganiser plutôt que partir complètement", et de toute façon "Londres restera un bon endroit pour desservir les marchés mondiaux".

La ville, dont le PIB a crû de 3,3% l'an dernier (contre 2,3% pour l'ensemble du pays), a indubitablement des atouts pour cela: on y parle anglais, langue internationale du business, elle est cosmopolite et culturellement riche. L'organisation des Jeux olympiques en 2012, flanquée d'investissements notamment dans les transports, lui a donné un formidable élan.

Si banquiers très bien payés et autres expatriés désertent pour Francfort, Paris ou Dublin, tout un pan de l'économie qui s'appuie sur leur pouvoir d'achat élevé souffrira - des agences immobilières haut de gamme aux écoles privées select.

Le premier à en faire les frais pourrait être le secteur de la pierre. "C'est sur l'immobilier résidentiel à Londres que la décision de quitter l'UE va se ressentir le plus fort", anticipe le spécialiste du secteur Hometrack. "L'expérience montre que les chocs externes ont conduit à des baisses de chiffres d'affaires de jusqu'à 20%" sur ce segment, selon lui.

Un tel retournement entraînerait une pression à la baisse sur les prix, une bonne nouvelle finalement pour beaucoup d'acheteurs potentiels et locataires, dans une ville où l'immobilier est inabordable et où la valeur des biens grimpe actuellement au rythme de 13% par an.

Dans la série "consolations", M. Clark fait aussi miroiter un autre avantage potentiel: "Londres pourra constituer une opportunité de se diversifier pour les investisseurs qui voudraient parier contre l'UE mais profiter quand même des opportunités de croissance de l'Europe", croit-il.

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.