Brexit : Theresa May à Bruxelles pour convaincre l'Europe de sa stratégie de sortie

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 20 octobre 2016 - 12:07
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Theresa May
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Il s'agit du premier sommet européen de Theresa May en tant que Première ministre britannique.
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La Première ministre britannique Theresa May se rend ce jeudi à Bruxelles pour faire partager sa vision du Brexit aux autres dirigeants de l'Union européenne. Elle devrait réaffirmer sa volonté d'activer avant la fin mars 2017 l'article 50 du traité de Lisbonne, qui lancera les négociations de sortie du Royaume-Uni.

Trois mois après son arrivée à Downing Street, Theresa May participe ce jeudi 20 à son premier sommet européen de Bruxelles en tant que Première ministre britannique, chargée de mettre en œuvre le pharaonique chantier du Brexit. A l'occasion d'un dîner de travail avec les dirigeants des 27 autres pays de l'Union européenne, Mme May doit réaffirmer sa volonté d'activer avant la fin mars 2017 l'article 50 du traité de Lisbonne, qui lancera les négociations de sortie de l'UE.

Ce calendrier a été salué par les dirigeants européens qui poussent pour un divorce rapide depuis le résultat du référendum du 23 juin. Mais, Mme May a également provoqué des froncements de sourcils auprès des vingt-sept en insistant sur l'idée d'appliquer un contrôle de l'immigration des citoyens de l'UE. Pour les partenaires européens, cette proposition va à l'encontre du principe de libre circulation et s'avère incompatible avec un accès sans conditions au marché unique.

"La vérité brutale est que le Brexit sera une perte pour nous tous. Il n'y aura pas de gâteaux sur la table, seulement du sel et du vinaigre", a souligné ce jeudi dernier le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui craint un divorce houleux. Selon une source proche de Downing Street, Mme May est pourtant prête à demander aux vingt-sept de l'aider pour négocier une séparation qui soit la moins douloureuse possible. "Elle souhaite un Royaume-Uni fort qui devienne un partenaire d'une Union européenne forte. Elle ne veut pas que la procédure de sortie nuise à l'UE. Nous voulons du départ sans heurt et constructif qui minimise l'incertitude", a souligné cette source gouvernementale.

Dans le même ordre d'idée, la Première ministre va souligner la solidarité du Royaume-Uni, alors que la Syrie et le rôle de la Russie devraient dominer l'agenda à Bruxelles. "Nous allons agir en tant que membre responsable, actif et engagé de l'UE jusqu'à notre départ", assure-t-on ainsi à Downing Street.

Du côté de la Commission européenne, le président Jean-Claude Juncker répète à l'envie qu'il ne saurait il y avoir de négociations avant le déclenchement de l'article 50. "Il ne faudrait pas que des pans entiers de l’industrie européenne s’engagent dans des pourparlers secrets, dans des chambres noires, rideaux tirés avec les envoyés du gouvernement britannique", a-t-il dit vendredi à l'occasion des 20 ans de l'Institut Delors, à Paris.

Il n'y aura ainsi aucun débat ce jeudi soir après l'allocution de la Première ministre britannique, a insisté une source diplomatique européenne. Reste que Mme May, qui n'avait pas été invitée au dernier sommet de l'UE à Bratislava, devrait profiter de l'occasion pour sonder des alliés potentiels. La dirigeante s'est déjà rendue à Paris, à Berlin, au Danemark, aux Pays-Bas et en Espagne. A Bruxelles, elle aura des apartés avec les dirigeants de l'Estonie et de la Roumanie. "Le Royaume-Uni est impatient de savoir ce que d'autres Etats membres sont prêts à accepter dans les négociations sur le Brexit", note Iain Begg, professeur de sciences politiques à la London School of Economics.

Preuve de la complexité des négociations à venir, Mme May a indiqué mercredi 19 devant le Parlement que les négociations allaient durer "deux ans, ou plus", n'excluant donc pas la possibilité d'une prolongation de la période prévue. L'une des difficultés vient des divisions du gouvernement britannique, qui peine à s'accorder sur une stratégie commune claire. Le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson insiste sur le nécessaire contrôle de l'immigration. Celui des Finances, Philip Hammond, cherche d'abord à protéger l'économie. L'Ecosse, qui menace d'un nouveau référendum d’indépendance, constitue un autre casse-tête, alors que plusieurs recours en justice risquent de freiner le processus.

"Je pense que les dirigeants européens vont signifier à Mme May de faire d'abord le ménage chez elle avant même de commencer à discuter" du divorce à venir avec les dirigeants de l'UE, tranche Catherine Barnard, professeure à l'Université de Cambridge.

 

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