Tanger Med : le grand port du Maroc célèbre ses 10 ans et précise ses ambitions pour le futur

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Damien Durand (Tanger, envoyé spécial)
Publié le 19 décembre 2017 - 15:53
Mis à jour le 21 décembre 2017 - 11:16
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Le port de Tanger Med au Maroc.
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©Damien Durand/France-Soir
Les installations portuaires de Tanger Med fêtent leur première décennie.
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Tanger Med, le port de la grande ville du nord du Maroc, fête sa première décennie et affiche d'audacieuses ambitions pour les prochaines années. Le lieu attire en effet les grandes entreprises européennes, américaines ou asiatiques en garantissant une relative stabilité... et des salaires modérés.

(De notre envoyé spécial) Il ne faut s’éloigner que de 15 kilomètres du détroit de Gibraltar, et de l’Europe, pour arriver sur le port qui vient d’intégrer le top 50 des zones portuaires mondiales, là où il y a dix ans encore il n’y avait rien. Cela fait en effet une décennie qu’a été posée la première pierre de Tanger Med, le port situé à une heure de route de la grande ville du nord du pays, remplaçant la précédente installation, aujourd’hui presque délaissée, située en plein cœur de "la Perle du Nord".

Selon l’histoire officielle du lieu, c’est une "vision royale" de Mohammed VI qui est à l'origine du choix de l’emplacement de ce projet qui, en une décennie, a transformé un espace naturel éloigné de la ville en port ayant englouti huit milliards d’euros d’investissements. Pour un résultat flatteur: trois millions de conteneurs EVP (Equivalent Vingt Pieds, l'unité de mesure qui fait référence dans le secteur) traités chaque année, une place de deuxième port africain revendiqué, et de premier hub logistique du continent. Avec à terme un objectif encore plus ambitieux: faire partie d’ici 2030 des 20 premiers ports mondiaux. Un objectif crédible, puisque la construction d’un nouveau terminal, Tanger Med 2, fera passer la capacité à neuf millions de conteneurs par an. Fos-sur-Mer, de l’autre côté de la Méditerranée, est déjà loin. Reste seulement à s’assurer que la capacité proposée trouvera bien preneur.

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Et le port de Tanger Med peut se reposer sur l’autre installation majeure du secteur: une zone franche industrielle, la plus grande d’Afrique, avec ses 750 entreprises et ses 5,5 milliards d’euros de chiffres d’affaires à l’export. Un secteur, lui aussi en pleine expansion, et où les usines sortent de terre aux côtés des bureaux d’études et des services transversaux accompagnant une telle densité. Avec, dans les allées de cette zone de business, des noms connus dans l’Hexagone: Décathlon, Daher, Banque populaire et surtout Renault, et son immense usine nord-africaine sortie de terre en 2012.

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Le secteur, en tant que zone franche, offre sans surprise des conditions particulièrement favorables sur le plan fiscal. Une entreprise s’installant sur ce secteur de 1.600 hectares est exonérée de tout impôt sur les sociétés pendant cinq ans, avant de profiter d’un taux préférentiel de 8,75% pendant 20 ans (il peut grimper jusqu’à 37% dans le régime classique).

Autre point fort de cette rive de la Méditerranée par rapport à l’Europe, et sans surprise: le niveau de salaire. Si la communication officielle pour fêter les dix ans ne s’étend pas sur la question, le salaire minimum marocain est un autre levier fort, sans doute autant que la qualité des infrastructures, pour attirer l’industrie installée en Europe. Le "Smig" (son appellation officielle au Maroc), pour la durée légale du travail hebdomadaire de 44 heures est de 2.570 dirhams, soit 230 euros.

Conséquence, derrière les murs des usines modernes, les sociétés installées sur la zone franche sont largement consommatrices de main d’œuvre, et nettement moins automatisées que la norme des pays développés. Une aubaine en termes d'emploi dans un pays où le taux de chômage chez les 15-24 ans flirte avec les 40%. Mais pas forcément la certitude d’une durabilité de la dynamique du port de Tanger. Car le point fort pour les sociétés européennes, américaines ou japonaises (le conglomérat nippon Sumitomo est le premier employeur privé de la ville) reste le coût de la main d’œuvre. Sans détour, mais en gardant l’anonymat, un cadre d’une société fabriquant des équipements pour voitures confie même à France-Soir que "si nous voulions vraiment automatiser notre production, nous n’aurions pas besoin de venir nous installer au Maroc". Malgré la qualité, indéniable, des infrastructures, et l’action politique favorable et efficace, les investisseurs admettent à demi-mot que l’atout numéro un du pays se trouve d’abord en bas des feuilles de paie. En plus de la stabilité politique, qui a permis notamment au royaume de prendre une grosse longueur d’avance sur la Tunisie, son principal rival.

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