Trump à la frontière mexicaine pour défendre son projet de mur

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Par Sébastien BLANC - Washington (AFP)
Publié le 09 janvier 2019 - 17:14
Mis à jour le 10 janvier 2019 - 08:36
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Le président américain Donald Trump, le 6 janvier 2019 à la Maison Blanche
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© Jim WATSON / AFP/Archives
Avec les Etats-Unis englués dans un blocage budgétaire dommageable pour son mandat, Donald Trump apparaissait mercredi disposer d'options limitées pour renverser la vapeur.
© Jim WATSON / AFP/Archives

Donald Trump se rendra jeudi à la frontière avec le Mexique, au Texas, pour défendre son projet de mur et marteler son message sécuritaire, alors que la crise politique provoquée par le bras de fer budgétaire entre le président et ses opposants démocrates ne cesse de s'aggraver.

Mercredi, le président américain a abruptement quitté une rencontre avec les ténors démocrates.

"Le président s'est levé et est parti", a relaté Chuck Schumer, leader des démocrates au Sénat, juste après cette brève réunion à la Maison Blanche. "Une nouvelle fois, nous avons assisté à un caprice parce qu'il ne pouvait obtenir ce qu'il voulait...".

"Je viens de quitter une rencontre avec Chuck (Schumer) et Nancy (Pelosi), totale perte de temps", a lancé, presque simultanément, le président américain dans un tweet rageur.

"J'ai dit bye bye", a ajouté le 45e président des Etats-Unis.

Au lendemain d'un discours solennel depuis le Bureau ovale, au cours duquel il a usé d'un ton dramatique pour tenter de rallier coûte que coûte les Américains à son projet sécuritaire phare, M. Trump a réaffirmé qu'il ne bougerait pas sur sa promesse de campagne emblématique.

Les discussions sont dans l'impasse. Le locataire de la Maison Blanche réclame 5,7 milliards de dollars pour "une barrière en acier" ou un mur afin de freiner l'immigration illégale. Les démocrates refusent de débloquer des fonds pour ce projet qu'ils jugent "immoral" et inefficace.

Or la paralysie budgétaire a des conséquences très concrètes: depuis plus de deux semaines, quelque 800.000 fonctionnaires fédéraux ne sont plus payés. Et le record du plus long "shutdown" de l'histoire est sur le point de tomber: 21 jours, entre fin 1995 et début 1996, sous le présidence de Bill Clinton.

- "Il a distribué des bonbons" -

Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, a accusé le président d'être obnubilé par cette construction et d'en oublier la dimension humaine de la crise budgétaire en cours pour les fonctionnaires concernés.

"Il pense peut-être qu'ils peuvent juste demander plus d'argent à leur papa. Mais ils ne peuvent pas", a-t-elle lancé dans une allusion à peine voilée aux sommes énormes que Donald Trump a reçues de son père au début de sa carrière.

Peu après ce "clash" pour le moins inhabituel dans l'enceinte de la Maison Blanche, le vice-président Mike Pence, présent lors de la réunion, est lui aussi venu s'exprimer devant les journalistes, pour tenter de dédramatiser la spectaculaire sortie du tempétueux magnat de l'immobilier.

"Le président est entré dans la pièce et a distribué des bonbons", a-t-il lancé dans un sourire. "Je ne me souviens pas l'avoir entendu élever la voix ou taper du poing", a-t-il ajouté.

"Le parti est très très uni", avait assuré peu avant le président américain à l'issue d'une rencontre avec les sénateurs de son parti sur la colline du Capitole. "Les républicains veulent la sécurité aux frontières (...), ils veulent une barrière en acier ou un mur en béton, peu importe".

Pour le sénateur républicain de Louisiane John Kennedy, les choses sont claires: le président a indiqué lors de la rencontre qu'il n'avait pas l'intention "de céder d'un millimètre".

- Aucune porte de sortie -

La veille, en neuf minutes diffusées en direct sur les principales chaînes du pays, M. Trump n'avait proposé aucune nouvelle porte de sortie, ciblant les immigrants clandestins qu'il a accusés de faire couler "le sang américain".

Ces derniers jours avait refait surface l'idée de réintroduire dans les négociations la question sensible du "Daca", programme offrant un permis de séjour temporaire à plusieurs centaines de milliers de jeunes clandestins, qui avait été créé par Barack Obama puis supprimé par Donald Trump.

Mercredi, Nancy Pelosi a déclaré que trouver une solution pour ces "dreamers" serait "une priorité absolue".

M. Trump a de son côté encore une fois évoqué l'hypothèse de déclarer une "urgence" nationale pour activer des pouvoirs extraordinaires, une procédure qui plongerait le pays dans un extraordinaire affrontement politico-judiciaire.

Dans cette bataille de communication pour savoir qui est le principal responsable de la paralysie, M. Trump affirme bénéficier du soutien de nombre de fonctionnaires placés de facto en congé sans solde. "Beaucoup disent +c'est très dur pour moi, c'est très dur pour ma famille, mais M. le président vous agissez comme on doit le faire+", a-t-il avancé.

Le fils aîné du 45e président américain, Donald Trump Jr, a de son côté suscité des réactions outrées en comparant l'efficacité du mur voulu par son père à un enclos de zoo.

"Savez-vous pourquoi vous pouvez apprécier une journée au zoo? Parce que les murs, ça marche", a-t-il écrit sur Instagram.

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