"Green Book", l'histoire vraie d'une amitié improbable, sacré aux Oscars

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Par Jocelyne ZABLIT - Hollywood (Etats-Unis) (AFP)
Publié le 25 février 2019 - 07:41
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Mahershala Ali et Viggo Mortensen aux Oscars le 24 février 2019
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© VALERIE MACON / AFP
Mahershala Ali et Viggo Mortensen aux Oscars le 24 février 2019
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C'est l'histoire d'une amitié improbable entre un pianiste noir raffiné et un gros bras d'origine italienne volontiers xénophobe. "Green Book", un road movie adapté d'une histoire vraie, a décroché dimanche l'Oscar très convoité du meilleur film.

Le long métrage, qui se déroule dans l'Amérique ségrégationniste des années 1960, avait été nommé dans cinq catégories, dont celle du meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali qui a été couronné pour son interprétation de l'artiste Don Shirley.

Viggo Mortensen, qui a pris 20 kg pour camper le rôle de Tony "Lip" Vallelonga, un chauffeur et garde du corps à la langue bien pendue, était lui en lice pour la statuette du meilleur acteur mais est rentré bredouille.

"Green Book" a raflé la distinction suprême au détriment de sept autres films, dont "Roma" du Mexicain Alfonso Cuaron, produit par Netflix, et "La Favorite" du Grec Yorgos Lanthimos, qui avaient dominé les nominations.

Le film de Peter Farrelly avait déjà été récompensé en janvier du Golden Globe de la meilleure comédie et de celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali.

Co-écrit par le fils de Tony "Lip", Nick Vallelonga, "Green Book" raconte la naissance, sur les routes du Sud des Etats-Unis au début des années 1960, de l'amitié entre l'Italo-Américain aux mauvaises manières et le beaucoup plus fin Don Shirley, brillant pianiste classique.

Une amitié qui a perduré jusqu'à la mort des deux hommes en 2013.

Le nom du film fait référence au "Negro Motorist Green Book", un guide destiné aux automobilistes noirs à une époque où ces derniers n'étaient pas acceptés dans de nombreux hôtels ou restaurants.

- "Sauveur blanc" -

Malgré son succès dans les salles, "Green Book" n'a pas été épargné par les polémiques.

Les proches de Donald Shirley, dont son frère et sa nièce, ont critiqué le scénario, pour lequel ils affirment n'avoir jamais été consultés, et dénoncé une "symphonie de mensonges" et "le point de vue d'un homme blanc sur la vie d'un Noir".

Nick Vallelonga a défendu son travail, disant s'être appuyé sur les histoires racontées par son père, Tony, à propos de cette tournée dans le Sud raciste. Il affirme également que Don Shirley lui aurait conseillé avant sa mort de ne parler à personne d'autre de son projet.

Au-delà des critiques familiales, le film a fait l'objet d'un débat plus large aux Etats-Unis sur la représentation du racisme et la figure du "sauveur blanc" incarnée par Tony Vallelonga.

"Le +Green Book+ fait partie de l'histoire des Noirs, et il est inacceptable qu'un Blanc vole cet héritage et ce nom pour un film qui a très peu, si ce n'est rien, à voir avec le +Green Book+", a dénoncé sur Facebook le réalisateur oscarisé Roger Ross Williams.

"Nos histoires et notre Histoire nous ont toujours été volées et racontées à travers une optique blanche, et ce film en est le dernier exemple en date d'Hollywood", a-t-il ajouté.

Le réalisateur, Peter Farrelly, a défendu son oeuvre en affirmant que son film tournait "autour de l'amour, du fait de nous aimer les uns les autres malgré nos différences".

"Le message, c'est de se parler, et l'on découvrira alors que nous avons beaucoup de choses en commun (...). Je sais que ça semble mièvre, mais c'est la vérité. La seule manière de résoudre les problèmes, c'est de parler", a-t-il dit dimanche.

Nick Vallelonga et Peter Farrelly avaient eux-mêmes contribué à alimenter la controverse à l'approche des Oscars.

M. Vallelonga s'est publiquement excusé pour un tweet islamophobe datant de 2015, dans lequel il affirmait, à tort, que des musulmans s'étaient réjouis près de New York lors des attentats meurtriers du 11 septembre 2001.

Quelques jours plus tôt, M. Farrelly avait lui été contraint de s'excuser après que des médias eurent retrouvé des interviews de 1998 faisant état de son habitude d'exhiber son sexe pour, selon lui, faire des "farces".

"Ce sont des choses que j'ai dites il y a 20 ans, des choses que je pensais drôles et qui évidemment ne l'étaient pas. Je me suis excusé", a déclaré M. Farrelly sur le tapis rouge dimanche soir.

Sept autres films étaient nommés pour l'Oscar du meilleur film: "Roma," "La Favorite", "A Star Is Born," "BlacKkKlansman", "Bohemian Rhapsody", "Vice" et "Black Panther".

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