"Seule la terre" : Brokeback Mountain dans le Yorkshire (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 02 décembre 2017 - 14:59
Mis à jour le 07 décembre 2017 - 10:34
Image
Film Seule La Terre
Crédits
©Pyramide Films
Johnny (Josh O'Connor, à gauche) et Gheorghe (Alec Secareanu), deux jeunes paysans qui s'aiment.
©Pyramide Films
Dans la campagne du nord de l'Angleterre, un jeune homme aide ses parents au travail quotidien de la ferme, quand débarque un saisonnier roumain dont il va tomber amoureux: c'est l'histoire du film "Seule la terre", qui sort ce mercredi.

La rencontre amoureuse entre deux jeunes fermiers sur les hauts plateaux du Yorkshire dans le nord-est de l'Angleterre: c'est l'histoire simple de Seule la terre, le premier film du réalisateur britannique Francis Lee, qui sort ce mercredi 6 sur les écrans français.

Johnny (Josh O'Connor) travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, isolée dans les brumes du Yorkshire. Aider les brebis à mettre bas, soigner les animaux, construire des murets en pierres sèches, faire du fromage, poser une clôture, nettoyer l'étable, réparer la grange, entretenir le tracteur: sa vie se résume à des tâches ingrates et quotidiennes aux côtés de son père. Le soir, pour oublier tout cela, il va se saouler au pub du village et multiplie les aventures sexuelles sans lendemain avec des jeunes hommes de son âge.

Un jour, un peu de nouveauté débarque dans sa vie morose: un saisonnier roumain, Gheorghe (Alec Secareanu), engagé par son père, arrive à la ferme pour leur prêter main forte pendant quelques mois. Les deux jeunes hommes se toisent, au début, mais peu à peu des sentiments apparaissent et une liaison se fait jour entre eux. Pour Johnny, c'est quelque chose de nouveau, susceptible de bouleverser son existence…

Depuis sa sortie en septembre en Grande-Bretagne et sa présentation dans plusieurs festivals (Sundance, Berlin, Edimdourg), où il a récolté plusieurs prix, Seule la terre a souvent été comparé au Secret de Brodeback Mountain, le film d'Ang Lee de 2005, histoire de deux cowboys homosexuels dans le Wyoming des années 60.

Ici la romance entre les deux jeunes fermiers, et les scènes d'amour physiques qui l'illustrent, forment la colonne vertébrale du film. Mais l'essentiel et le plus intéressant sont ailleurs: la description, sans clichés ni commisération, de la vie quotidienne de ces fermiers du Yorkshire (ici sur la carte), région où le réalisateur a passé son enfance. "J’ai grandi dans les collines isolées des Pennines, dans le West Yorkshire. C’est la terre de mes ancêtres", explique-t-il. "J’ai longtemps été fasciné par ce paysage désolé et par les gens qui s’y raccrochent coûte que coûte, gagnant leur vie en exploitant quelques hectares d’une terre peu hospitalière. Quand j’étais petit, je ne réalisais pas le pouvoir d’attraction exceptionnel de cette terre sur ceux qui y vivent et y travaillent. J’en ai pris conscience lorsque je suis allé étudier à Londres, laissant derrière moi les paysages ruraux et isolés du Yorkshire de mon enfance: je me suis demandé pour la première fois ce que le reste du monde avait à m’offrir".

Âgé de 48 ans, Francis Lee a mené une carrière d'acteur à Londres avant de passer à la réalisation, avec trois courts métrages de 2012 à 2014 qui ont précédé ce premier long métrage et son retour dans le Yorkshire. "Le film a été entièrement tourné dans les paysages où réside et travaille encore ma famille", dit-il.

La dernière partie du film, dans laquelle Johnny essaye de sortir de son isolement géographique, social et sentimental, tout en continuant d'aider ses parents et de s'occuper de la ferme, est pleine d'humanité et d'espoir, évitant au film une atmosphère sombre ou un réalisme pessimiste.

Et l'équilibre est bien fait entre sujet fort et délicatesse de la réalisation, entre le cinéma vérité (beaucoup de scènes du travail de la ferme sont presque documentaires, avec deux jeunes acteurs qui se sont adaptés au réel) et la romance homosexuelle racontée avec simplicité, sans militantisme particulier. "J’avais envie de raconter une histoire d’amour sincère et sans complaisance, de saisir le sentiment de joie mêlée d’appréhension qui accompagne la naissance d’une relation", explique le réalisateur, qui précise que l'histoire n'a rien d'autobiographique. "Que l’on soit homo ou hétéro, on sait tous ce que ça fait de tomber amoureux, et combien cette étape peut être difficile parfois, surtout quand les circonstances ne s’y prêtent pas".

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