Attentats de Paris : un mois après, la vie a repris

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 décembre 2015 - 16:02
Mis à jour le 13 décembre 2015 - 10:34
Image
La Tour Eiffel en bleu, blanc, rouge après lesattentats du 13 novembre.
Crédits
©Ludovic Marin/AFP
La France a basculé le 13 novembre 2015.
©Ludovic Marin/AFP
Un mois après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts, les blessures, physiques et psychologiques, ne se sont pas refermées. Mais la vie a repris, et continue.

Des terrasses de café typiques, le stade le plus prestigieux de France, une salle de concert rock mythique... Les djihadistes qui ont ciblé ces symboles et semé la terreur le 13 novembre, il y a quatre semaines, imposent à Paris une vie différente à l'avenir.

Cent trente morts, des blessés par centaines: la deuxième vague d'attentats en France en dix mois, a visé la jeunesse. En janvier, la première, sur trois jours, des journalistes (Charlie Hebdo), des policiers et des juifs (magasin Hypercacher).

"Un 11-Septembre à la française", avait-on dit en début d'année. La référence aux attentats de 2001 à New York s'est à nouveau imposée en novembre, mais pour les conséquences: état d'urgence, bombardements en Syrie du groupe Etat islamique (Daech) qui, comme en janvier, revendique cette deuxième salve. "La France est en guerre", décrète, martial, François Hollande, à l'instar d'un George W. Bush qui a engagé son pays en Afghanistan.

Il a fallu dix ans aux Etats-Unis pour en finir avec Oussama Ben Laden, devenu à la tête d'Al-Qaïda l'ennemi public numéro un mondial. En faudra-t-il autant à la France pour venir à bout d'Abou Bakr al-Baghdadi, chef d'une "armée terroriste" selon le président français? En attendant, la vie à Paris est condamnée à ne plus être la même et doit composer avec la menace au quotidien.

"S'échapper, se cacher et alerter", le gouvernement vient de diffuser ce mot d'ordre aux Parisiens en cas de nouvelles attaques, inexorables selon certains experts. Des affiches bientôt placardées dans une série de lieux publics. Oui, mais la vie "doit reprendre", rétorque David, 45 ans, qui préfère taire son nom. "Il ne faut pas céder à la peur, il faut se battre" et ne pas "vivre une moitié de vie", défend ce voisin d'un des cafés ciblés par les djihadistes."On veut leur montrer qu'on est plus fort qu'eux", résume Audrey Bily, gérante d'A la Bonne Bière, premier des bars visés par les attentats à rouvrir ses portes début décembre.

Militaires patrouillant dans les rues, gardes à l'entrée de magasins y compris des pâtisseries ou des opticiens, voyageurs devenant suspects aux yeux des autres, sursaut lorsqu'une moto pétarade ou qu'une sirène de pompiers retentit...

"Je fais davantage attention aux gens qui entrent dans le métro avec des valises", confie Pierre Bréard, 24 ans, ingénieur dans une start-up de la région parisienne et contraint à trois heures de transport quotidiennement. "Je regarde le ventre des gens", renchérit Aurélie Martin, une institutrice de 24 ans, sortie du Stade de France le 13 novembre les mains en l'air à la demande de la police après l'explosion de kamikazes ceinturés d'explosifs.

Une fois passé le choc, les activités professionnelles ont repris, les loisirs et la vie culturelle aussi. Mais l'insouciance n'est plus là et l'atmosphère reste pesante. Les jeunes apparaissent marqués, les psychologues sont pris d'assaut, tandis que les touristes délaissent la Ville lumière, privilégiée jusqu'alors pour son romantisme et la beauté de son patrimoine.

L'état d'urgence, en vigueur jusqu'à fin février, pourrait être prolongé au-delà. Il autorise la police à s'affranchir d'un contrôle judiciaire pour ses perquisitions, ses interpellations. La révolte de janvier, illustrée par une marche gigantesque pour la liberté, semble avoir fait place à la fatalité.

L'opposition de droite et d'extrême droite a accusé le gouvernement socialiste de n'avoir rien fait depuis janvier. Des chantiers avaient alors été ouverts, dans l'éducation, le renseignement, la gestion des banlieues difficiles, pour mieux "vivre ensemble". Mais la "révolution" n'est pas venue.

Les attentats de novembre ont mis les Français KO debout. Sans issue, ils ont plébiscité la riposte organisée par leur président impopulaire. Tout en laissant l'extrême droite progresser dans l'électorat et surfer sur les craintes du chômage, de l'insécurité, de l'avenir.

"Même pas peur", clame bravache une banderole apposée sur la statue de la Place de la République, devenue dans la capitale, avec ses bougies et ses fleurs, une stèle à la mémoire des victimes d'attentats.

"Après avoir enterré nos morts, il faudra réparer les vivants", a récemment jugé François Hollande. "La vie continue et on est à l'abri de rien, le danger peut être n'importe où", résume Aurélie Martin.

 

À LIRE AUSSI

Image
Attentats Paris 13 nov 2015 Café Secours
Attentats de Paris : les plus meurtriers en Europe depuis 2004
Avec un bilan de déjà 127 morts ce samedi midi et de nombreux blessés critiques, les attentats de Paris et du Stade de France de vendredi sont déjà les deuxièmes plus ...
14 novembre 2015 - 13:03
Société
Image
Attentats de Paris Une Libération 15 novembre
Attentats de Paris : la presse française et internationale sous le choc
Deux jours suite aux attentats de Paris, la presse française et internationale tente encore de comprendre comment de telles horreurs ont pu se produire et quelles cons...
15 novembre 2015 - 12:42
Culture
Image
Le dessin de Jean Jullien a été affiché à Nantes, où il a vécu jusqu'à ses 20 ans.
"Peace for Paris" : le symbole du dessinateur français Jean Jullien repris partout sur le Web
Quelques heures après les attentats commis vendredi à Paris et Saint-Denis, Jean Jullien a publié sur Twitter un dessin accompagné du message "Peace for Paris". Son sy...
16 novembre 2015 - 16:51
Lifestyle

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.