"Délinquants chevronnés" : le parquet national financier brocarde les méthodes de Sarkozy et de son avocat
La comparaison est fort peu flatteuse pour l'ancien président de la République. Une semaine après la révélation par Le Parisien que le Parquet national financier (PNF) demandait le renvoi de Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel dans l'affaire dite "des écoutes", le journal Le Monde dévoile des extraits du réquisitoire accablant des magistrats financiers.
Les magistrats du PNF concluent sans ambiguïté "qu’il existe des charges suffisantes à l’encontre de Nicolas Sarkozy et de Thierry Herzog d’avoir commis les faits de corruption et de trafic d’influence actifs pour lesquels ils ont été mis en examen" et vont jusqu’à comparer les méthodes utilisées par les deux hommes à celles de "délinquants chevronnés", rapporte le quotidien du soir. "Pour la première fois, un ancien président de la République pourrait répondre de +corruption+ au cours d’un procès public", souligne Le Monde.
les juges en charge du dossier estiment par exemple que les deux hommes ont multiplié les recours pour tenter de ralentir la procédure judiciaire: "Ouverte en février 2014 et considérée comme terminée en octobre 2016, l’information judiciaire, qui a duré trente-deux mois au total, a été paralysée plus de la moitié de ce temps, soit pendant dix-huit mois".
A l'origine de l'affaire, des écoutes téléphoniques de Nicolas Sarkozy ordonnées dans une autre enquête, celle sur les accusations de financement libyen de sa campagne de 2007. Les enquêteurs, en épluchant l'agenda du principal intéressé, ont découvert que l'ancien chef de l'Etat aurait tenté d'obtenir début 2014, via son avocat Thierry Herzog, des informations secrètes auprès d'un haut magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, dans une procédure sur la saisie de ses agendas dans l'affaire Bettencourt, où il avait obtenu un non-lieu en 2013.
"L'enquête a également permis d’établir que Gilbert Azibert a tenté de tirer avantage de la situation en sollicitant, et en obtenant, en guise de récompense et de contrepartie, l’intervention de Nicolas Sarkozy au soutien de sa candidature pour un poste judiciaire à Monaco", souligne également les extraits du réquisitoire.
Nicolas Sarkozy a déjà été renvoyé début février devant le tribunal pour le financement illégal de sa campagne électorale de 2012, avec treize autres protagonistes de l'affaire Bygmalion. La date de leur procès n'a pas encore été fixée, des recours ayant été déposés contre l'ordonnance de renvoi qu'un seul des deux juges d'instruction à signer.
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