Elle publie une tribune contre Macron, elle est convoquée au rectorat
Censure injustifiable ou simple application du droit de réserve? Une enseignante a été convoquée jeudi 20 dans l'après-midi au rectorat de Dijon pour s'expliquer sur une tribune qu'elle a publié sur le site Dijoncter (voir ici) le 12 décembre dernier. Elle y critiquait l'allocution d'Emmanuel Macron le 10 décembre en pleine crise des gilets jaunes.
Selon Franceinfo qui révèle l'information, Sophie Carrouge, professeure au lycée Le Castel de Dijon, devait s'expliquer sur cette tribune où elle brocarde le président de la République. "Macron est terne, Emmanuel Macron est vieux, Emmanuel Macron n’est pas un président. Emmanuel Macron est un commercial arrivé au pouvoir par le pouvoir des urnes funéraires" conclut-elle dans sa charge, où elle fait explicitement mention de sa fonction de professeure et du lieu où elle enseigne.
C'est ce dernier point qui motive, sur le papier du moins, sa convocation devant le rectorat. S'exprimer en effet en mettant en avant sa position de fonctionnaire pourrait être interprétée comme un non-respect du devoir de réserve imposé aux agents publics. Une interprétation que Sophie Carrouge conteste: "Chez les enseignants, ce droit de réserve n'est pas le même que dans la police par exemple, il est jurisprudentiel (…)"L'Etat est en train de bétonner le système pour restreindre la liberté d'expression de chaque fonctionnaire".
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Ses collègues et certains parents d'élèves ont apporté leur soutien à l'enseignante, notamment en se regroupant devant le rectorat au moment où Sophie Carrouge était auditionné. A l'issue de l'entrevue, l'enseignante a certes échappé à une sanction disciplinaire, mais pas au "rappel au devoir de réserve" de l'autorité administrative qui lui reproche bien d'avoir ajouté sa fonction à côté de son nom dans cette tribune. L'intéressée a expliqué à Franceinfo que pour elle l'avertissement était clair: "Je peux continuer à écrire, mais je n'écrirai plus".
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