Toucher le chômage après une démission : le coût potentiellement gigantesque de la mesure voulue par Macron
C'était l'une de ses promesses de campagne et l'un de ses projets phares pour fluidifier les relations dans le monde du travail: Emmanuel Macron souhaite que, dorénavant la démission puisse ouvrir le droit à une indemnisation de l'assurance-chômage.
Le quotidien économique Les Echos a calculé sa propre estimation de ce que cela coûterait en assurant se baser sur "les estimations du ministère du Travail". Et le montant est vertigineux: une telle mesure pourrait non seulement s'avérer très complexe à mettre en oeuvre, mais nécessiter également entre 8 et 14 milliards d'euros la première année, en fonction de son "succès".
La complexité viendra d'une part de questions légales délicates comme par exemple les droits à donner aux travailleurs indépendants qui souhaiteraient profiter de la mesure. Mais le plus gros point de variation reste l'anticipation du nombre de personnes qui n'auraient jamais démissionné sans une telle mesure et qui vont brusquement saisir l'opportunité de le faire sachant leur avenir financier à court terme sera assuré par l'Assedic.
Et même si le chiffre semble impossible à donner, un indicateur laisse entendre qu'il sera très élevé: le succès conséquent rencontré par la rupture conventionnelle de contrat. En 2016, ce dispositif qui permet de mettre fin d'un commun accord (en principe…) à un CDI, sans que l'employeur ne doive prendre le risque juridique d'un licenciement et tout en accordant l'indemnisation chômage au salarié, a battu son record. Pas moins de 389.744 homologations ont été enregistrées, montrant que dès qu'un revenu est garanti pour le salarié, il n'hésite plus à claquer la porte de son employeur.
Les démissionnaires qui quitteraient leur emploi réduiraient mécaniquement le nombre de rupture conventionnelle, reste à savoir si leurs niveaux seraient équivalents, où si Pôle emploi va voir arriver un flux de nouveaux chômeurs. Une incertitude qui explique sans doute le chiffre des Echos qui va presque du simple au double. Et qui est surtout bien supérieur aux anticipations du candidat Macron qui prévoyait à peine 1,44 milliard.
Si Emmanuel Macron et le gouvernement veulent malgré tout mettre en place une telle mesure, seules deux possibilités existent pour éviter le dérapage des budgets de l'assurance-chômage (de 4 milliards d'euros par an pour l'instant): soit diminuer le montant de l'indemnité pour tous les chômeurs, soit considérer que les démissionnaires n'auront pas les même droits que les autres demandeurs d'emplois indemnisés, y compris au passage ceux qui optent pour la rupture conventionnelle, ce qui pourrait tuer dans l'œuf la mesure promise par le président de la République, qui n'aurait pratiquement plus aucun intérêt.
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