De retour à Paris après sa libération, Juan Branco s'exprime sur les conditions de sa détention à Dakar, suite à son "enlèvement"

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GG, RP, France-Soir
Publié le 08 août 2023 - 20:45
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Juan Branco
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F. Froger / Z9, pour France-Soir
Juan Branco a atterri ce matin 8 août à Paris, aéroport Roissy CDG, peu avant 9 heures.
F. Froger / Z9, pour France-Soir

BRANCO - Libéré de prison et expulsé du Sénégal, l'avocat Juan Branco est rentré en France ce mardi 8 août, vers 9 heures. Attendu par la presse à l'aéroport parisien Roissy Charles-de-Gaulle, le franco-espagnol a levé le poing à son arrivée et n'a pas tenu de discours avant d'accueillir les chaleureuses embrassades de sa famille. (lire la suite de l'article après la vidéo)


Juan Branco a livré ses premières déclarations plus tard en fin de journée, à 18 heures, lors d'une conférence de presse organisée dans le VIe arrondissement de Paris. Celle-ci, réservée aux journalistes, a été diffusée en direct sur les réseaux sociaux.

Pas une arrestation, mais un enlèvement

Le 5 août dernier, alors en route vers la capitale de Mauritanie, Nouakchott, Juan Branco a été "enlevé par des hommes cagoulés", qui l'ont livré à d'autres hommes "sans uniformes dans des pick-up", "sans respecter les droits fondamentaux". 

Alors qu'il balaye ainsi l'idée d'une arrestation, initialement communiquée par les autorités sénégalaises, l'avocat décrit un acte rendu possible à cause d'un "sentiment d'impunité du pouvoir en place", au sein d'une région "que nous avons militarisée". 

Me Branco souhaitait alors regagner la France après avoir fait une visite surprise lors d'une conférence dédiée à la défense d'Ousmane Sonko, à Dakar, dimanche 30 juillet. Engagé à ses côtés depuis 2021, il conseille la défense de cet opposant politique au président sénégalais Macky Sall.

Selon lui, "la détention provisoire" de son client depuis le 28 juillet dernier, qui fait suite à une condamnation à deux ans de prison fermes pour "corruption de la jeunesse", a été décidée par le pouvoir en place. Un emprisonnement dont le seul but est de "l'empêcher de se présenter" aux prochaines élections prévues dans six mois au Sénégal.

L'ancien leader du parti "Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité" (PASTEF) est "persécuté car il dénonce la corruption" dans son pays. Sonko est très diminué par une grève de la faim et souffre d'insuffisance rénale, toujours d'après Branco.

Il a entendu la prison "rugir"

L'avocat a décrit en premier lieu, solennellement, le sort d'autres prisonniers, dont il a pu constater in situ les conditions de détention à Dakar, dans une maison d'arrêt du centre de la capitale, Reubeuss. Selon lui, certains d'entre eux sont "enfermés sans avoir le droit de dormir", victimes de "tortures" visibles sur leurs corps et attendent "sans procès depuis des mois", tout en étant "entassés dans des conditions inhumaines". 

Avant d'être placé hier sous contrôle judiciaire, Juan Branco a été inculpé dimanche dernier par le juge sénégalais chargé de l'affaire pour "attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves", puis emprisonné.

À sa sortie de prison, avant d'être placé sous contrôle judiciaire, puis expulsé du Sénégal vers l'Hexagone, Branco a entendu avec émotion "la prison rugir" lors de son passage.

Il a insisté à plusieurs reprises sur sa "chance" et son "privilège extraordinaire" d'avoir "le droit de s'exprimer" devant la presse française et a soutenu une certaine "solidarité" et "universalité des luttes". Le franco-espagnol a tenu à faire un rapprochement entre "les aspirations" des peuples français et sénégalais.

"La France doit se tenir du côté des peuples, elle doit avoir ce courage si elle veut maintenir un lien" avec l'Afrique, a-t-il déclaré. Branco veut "continuer cette lutte pour tous ceux qui demeurent privés de leur liberté" et "assurer une transition démocratique au Sénégal".

Protéger une certaine idée du politique

Juan Branco déclare ne pas faire cela pour mener "une lutte idéologique" mais pour "protéger à travers" la lutte d'Ousmane Sonko dans son pays, "cette idée du politique, pour créer du lien et donner de l'espoir".

Comme l'a déclaré Me Saïd Larifou à ses côtés durant la conférence de presse, Juan Branco est le "premier à saisir les instances internationales pour dénoncer les crimes contre l'humanité" présumés "commis au Sénégal". 

Selon l'avocat Réunionnais, "il y a des Ousmane Sonko qui se réveillent dans tous les pays d'Afrique."

Juan Branco a confié avoir eu "le sort d'Assange à l'esprit", "très souvent", ayant rapidement pris conscience du "piège" qui se refermait sur lui. À ses yeux, il doit sa libération à la forte mobilisation de ses proches et de ses soutiens.

L'avocat espère encore une sortie du bras de fer politique meurtrier au Sénégal, sur fond de guerre partisane, grâce à "un changement d'attitude", appelant de ses vœux un comportement débarrassé de tout comportement belliqueux de la part des autorités en place.

Version longue de la conférence de presse :

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