Blocage de l'A1 : le procès des gens du voyage s'ouvre à Amiens
Le procès des 12 personnes de la communauté des gens du voyage soupçonnées d'avoir bloqué pendant plusieurs heures l'autoroute A1 fin août près de Roye (Somme) s'est ouvert jeudi matin, dans le calme, à Amiens. Les douze prévenus devant le tribunal correctionnel comparaissent pour "entrave à la circulation de véhicules" et certaines pour "dégradation par incendie" et "vol en réunion".
Du vendredi 28 août au soir au samedi 29 à la mi-journée, week-end de retour de vacances, une soixantaine de personnes de la communauté des gens du voyage avaient bloqué dans les deux sens l'A1, l'une des autoroutes les plus fréquentées d'Europe. Les autorités avaient dû fermer cet axe à la circulation pendant près de 24 heures.
A l'origine de ce mouvement de colère, un quadruple homicide quatre jours plus tôt: un homme de 73 ans avait tué une femme de 19 ans, sa fille de neuf mois et son beau-père, ainsi qu'un gendarme alerté par les tirs. Le drame s'était déroulé dans un camp de gens du voyage à Roye (Somme), à quelques kilomètres de là.
Le refus par un juge des libertés de laisser sortir de prison le fils de la victime la plus âgée ainsi qu'un proche, le temps d'assister aux obsèques, avait déclenché la fureur des gens du voyage qui avaient bloqué l'autoroute Paris-Lille pour faire pression sur la justice. La cour d'appel d'Amiens avait finalement autorisé cette présence aux obsèques et les gens du voyage avaient alors levé aussitôt le barrage.
Pour Me Stéphano Daquo, avocat de deux des prévenus, il s'agissait d'"un cri de désespoir". "Quand vous apprenez que vous avez perdu votre frère, votre sœur, dans des circonstances profondément atroces (...) et que l'on empêche l'un des vôtres de venir se recueillir sur la tombe de son père, je pense qu'on peut comprendre qu'il y ait une réaction épidermique", a-t-il affirmé avant l'audience.
"C'était plus un appel au secours qu'une volonté de casser ou de détruire", a estimé de son côté Joseph Dorkel, un membre de la famille de l'un des prévenus. "On est victimes avant d'être manifestants et on n'est pas reconnu comme des victimes!", a t-il regretté.
La société d'autoroute Sanef, qui avait annoncé avoir perdu un demi-million d'euros à cause du blocage (dont 100.000 euros représentant le coût des dégâts), ainsi qu'une collectivité publique locale, un fast-food et un supermarché, où avaient été volés des pneus et des palettes, se sont portés partie civile.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.