Les artistes noirs à l'heure de la ségrégation : l'hommage du Quai Branly (DIAPORAMA)

Auteur(s)
Raphaëlle de Tappie
Publié le 04 octobre 2016 - 19:52
Mis à jour le 17 octobre 2016 - 13:55
Image
Exposition Quai Branly Color The Line
Crédits
©musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Gautier Deblonde
Pendant la Première Guerre mondiale, 200.000 soldats africains-américains ont été mobilisés.
©musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Gautier Deblonde
Dans une exposition intitulée "The Color Line- Les artistes africains-américains et la ségrégation", le musée du Quai Branly met à l'honneur les artistes noirs et leur long combat pour l'égalité des droits civiques. A partir de ce mardi et jusqu'au 15 janvier 2017.

Quel rôle ont joué les artistes noirs dans la lutte pour l'égalité des droits à l'époque de la ségrégation aux Etats-Unis? A l'heure où les manifestations s'enchaînent outre-Atlantique s'insurgeant contre les violences faites aux jeunes de couleur par des policiers blancs, le musée du quai Branly revient sur cette sombre période au travers de l'exposition The Color Line, de ce mardi 4 octobre au 15 janvier 2017.

A la fin de la guerre de Sécession et après l'abolition de l'esclavage en 1865, une nouvelle page de l'histoire des Etats-Unis s'ouvre. Mais le pays est encore loin d'être prêt à accorder aux Noirs l'égalité des droits. Si le 15ème amendement ratifié en 1870 interdit aux Etats de refuser le droit de vote à quiconque de sexe masculin au nom de motifs tels que race, couleur ou condition antérieure de servitude, la société américaine fait preuve d'un racisme outrancier envers les minorités. Preuve en est avec le spectacle Blackface, joué par des comédiens blancs grimés en Noirs pour les moquer. Ces derniers répondent alors sur le ton de l'humour, parodiant à leur tour les Blancs singeant les Noirs dans de nombreuses pièces dont les affiches tapissent les murs immaculés de la première salle de l'exposition.

Dans les années 1880, des figures intellectuelles et politiques noires commencent faire leur apparition. Alors que Booker T. Washington invite son peuple à se concentrer sur l'émancipation économique, W.E.B Dubois se fait le chantre d'une philosophie plus musclée, appelant les siens à reprendre la lutte pour l'égalité des droits. Dans le même temps, des artistes de couleur oeuvrent à rendre hommage aux sportifs noirs de leur temps tels que Jack Johnson, Joe Louis ou encore Mohamed Ali, tout en pointant le revers de la médaille. Ainsi, la chambre à air dégonflée de David Hammons exposée ici représente-elle le côté superficiel de la réussite sportive en comparaison d'autres accomplissements plus décisifs toujours inaccessibles à la communauté noire.

Arrive ensuite la Grande guerre. Si 200.000 soldats africains-américains sont mobilisés, la plupart d'entre eux sont cantonnés à des tâches subalternes à l'écart des combats. De retour au pays, ils se retrouvent à nouveau confrontés à des émeutes racistes et à des lynchages arbitraires, comme le montrent des cartes postales de l'époque ou des toiles telles que Meditation de Loïs Maillou Jones qui représente un un Noir pendu. Après la guerre, surgit une nouvelle génération d'artistes talentueux que le philosophe Alan Locke surnommera "New Negroes". Parmi eux, les peintres Malvin Gray Johnson, Archibald J. Moltey, Jr. et Aaron Douglas dont les oeuvres sont exposées ici sur fond de musique jazz. Ces personnages atypiques transforment Harlem à New York en capitale mondiale de la culture noire. Un "paradis des nègres" qui attire de nombreux écrivains, peintres et musiciens du monde entier.

Le visiteur fait ensuite un saut dans le temps qui le propulse à l'heure de la Seconde Guerre mondiale. Comme lors du premier conflit, les soldats noirs sont mobilisés en masse. Mais encore une fois, la reconnaissance tant attendue du rôle joué par ces derniers n'arrive jamais. Excédée, la communauté noire commence alors à se battre pour faire valoir ses droits. Entamée en 1955 par Rosa Parks qui s'installe à une place réservée aux Blancs dans un autobus en Alabama, cette marche vers la liberté culmine en août 1963 avec la grande manifestation de Washington et le "I have a dream" de Martin Luther King. S'en suivent de nombreux mouvements de rébellion, menés notamment par les groupes activistes tels que les Black Panthers. Autant d'évènements symbolisés par les membres du collectif Spiral et d'autres peintres et sculpteurs de couleur de plus en plus engagés.

L'exposition conclut sur le drapeau Africain-Américain de David Hammons. Car aujourd'hui, les artistes noirs américains ne sont plus des "New Negroes" comme l'étaient Langston Hughes ou Aron Douglas à Harlem dans les années 20, ni des "Afro-Americains" ou des "Blacks" comme s'appelaient les jeunes militants des années 1960: ce sont des "Africains-Américains" dont les oeuvres conquièrent chaque jour un peu plus le monde.   

Informations pratiques

Exposition The Color Line-Les artistes africains-américains et la ségrégation au musée du Quai Branly du 4 octobre 2016 au 15 janvier 2017
37, Quai Branly, 75007 Paris Metro Alma Marceau
Tous les jours sauf le lundi
Plein Tarif: 10 euros

Tarif réduit: 7 euros

 

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