Cinq attentats liés à l'islamisme radical déjoués en 2019 : la menace reste élevée

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MM
Publié le 29 avril 2019 - 18:34
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Au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret, le 8 septembre 2017
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
La menace terroriste reste élevée en France, notamment celle liée à l'islamisme radical.
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives

Cinq tentatives d'attaques terroristes ont été déjouées depuis le début de l'année 2019. L'arrestation vendredi 26 de quatre individus suspectés de vouloir commettre un attentat contre les forces de l'ordre rappelle que la menace terroriste reste forte en France. 

La menace terroriste reste particulièrement élevée en France. Depuis le début de l'année 2019 pas moins de cinq attentats liés à l'islamisme radical ont été déjoués par les services de sécurité. Ainsi, quatre personnes soupçonnées de préparer une attaque pouvant viser les forces de l'ordre "à brève échéance" ont été interpellées vendredi et sont encore en garde à vue ce lundi 29, dans le cadre d'une enquête ouverte pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Parmi ces suspects interpellés vendredi figure un mineur, déjà condamné à trois ans de prison pour avoir cherché à se rendre en Syrie, dont deux ans assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve. Les trois autres personnes, majeures, sont connues pour des faits de droits commun. Selon plusieurs sources, certains suspects avaient fait des repérages devant des cibles policières et institutionnelles, et avaient démontré une volonté manifeste de se procurer des armes. Ils auraient voulu perpétrer leur attaque pendant le mois du Ramadan qui doit débuter la semaine prochaine.

Voir - Attentat: un projet de "passage à l'acte violent" contre des forces de l'ordre déjoué

Si cette période est sacrée pour les musulmans du monde entier, les groupes djihadistes considèrent qu'il s'agit d'une période propice au djihad. Déjà en 2015, Abou Mohammed al-Adnani, le porte-parole de l’État islamique à l'époque, diffusait un message expliquant que "Les meilleurs actes qui vous rapprochent de Dieu résident dans le djihad, alors accourez durant ce mois sacré pour envahir (des territoires) et tomber en martyrs, musulmans et djihadistes partout dans le monde, faites en sorte que le Ramadan soit un mois de malheurs pour les mécréants". Et d'ajouter: "Celui qui est doué de raison doit prendre soin d’être constamment au djihad pendant le Ramadan car aucune adoration n’équivaut au djihad. Le djihad pendant le Ramadan n’équivaut en rien au djihad dans un autre mois".

Face à cette menace d'attentats, les forces de l'ordre sont en première ligne. En effet, les dirigeants de l'Etat islamique avaient appelés leurs partisans à s'en prendre spécifiquement aux policiers et aux gendarmes. En 2014, le même Abou Mohammed al-Adnani expliquait déjà: "Levez-vous, monothéistes, et défendez votre Etat depuis votre lieu de résidence, où qu'il soit (...). Attaquez, tuez les soldats des tyrans, leurs forces de police et de sécurité, leurs services de renseignements et leurs collaborateurs". 

Lire aussi - Terrorisme: des attentats imminents en France et aux Pays-Bas déjoués

Un appel cruellement illustré par l'attentat de Magnanville (Yvelines) le 13 juin 2016. Larossi Abdallah avait assassiné Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police, adjoint du commissaire des Mureaux, et Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, à leur domicile de Magnanville, avant d'être abattu par les policiers du Raid. Leur enfant était alors présent dans la maison.

Fin mars, deux hommes, dont un présentait des troubles psychiatriques, avaient été mis en examen à Paris par un juge antiterroriste et placés en détention provisoire, soupçonnés d'avoir projeté d'attaquer une école ou un policier.

Mi-avril, un adolescent de 16 ans, radicalisé sur Internet, a été arrêté en possession d’éléments troublants à l’occasion d’une "visite domiciliaire". Sur son ordinateur, les enquêteurs avaient retrouvé des "tutoriels détaillant des méthodes d’action terroriste", des vidéos djihadistes et des "recherches sur internet concernant des militaires et la police, notamment la DGSI". 

Même si l'organisation Etat islamique a désormais perdu son territoire en zone irako-syrienne depuis la chute du dernier réduit de Baghouz, la France, touchée depuis 2015 par une vague d'attentats sans précédent qui a fait 251 morts, reste une cible importante pour le groupe terroriste. Toutefois, la menace a évolué depuis les attaques de Paris et de Saint-Denis le soir du 13 novembre. Il y a désormais plus à craindre des attentats perpétrés par individus présents sur le territoire national et inspirés par la propagande mortifère de l'EI.

Ainsi, le 5 mars dernier, deux surveillants de a prison de Condé-sur-Sarthe ont été poignardé par Mickaël Chiollo, un détenu radicalisé aux cris de "Allah Akbar". Se revendiquant de l'État islamique, il a expliqué vouloir "venger Cherif Chekatt" auteur de l'attentat du 11 décembre 2018 à Strasbourg qui a fait 5 victimes.

Les services de sécurité se préparent désormais à la libération prochaine de plusieurs dizaines de condamnés pour faits de terrorisme islamiste qui ont purgé leurs peines et qui vont poser un problème supplémentaire de surveillance.

Condamnés en France au cours de la précédente décennie à de lourdes peines, pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", ils sont environ 500 selon un responsable du ministère de la Justice à être libérables d'ici à 2020. Viennent s'y ajouter quelque 1.500 prisonniers de droit commun soupçonnés de s'être radicalisés, à des degrés divers et au contact des premiers, derrière les barreaux.

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