Orange/Bouygues : l'échec du rachat fragilise le secteur

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 02 avril 2016 - 19:39
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Un téléphone portable.
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©Mike Segar/Reuters
Selon les experts, le secteur des telecoms a besoin d'une consolidation qui mettrait fin à la guerre des prix.
©Mike Segar/Reuters
L'échec des négociations entre Orange et Bouygues pour le rachat par l'opérateur historique de la filiale télécoms du groupe industriel pourrait laisser des traces dans un secteur en quête de consolidation, alors que l'accord était présenté comme favorable à l'ensemble des acteurs.

Pour la majorité des experts, si l'opération de rachat de Bouygues Telecom par Orange  était à l'origine compliquée, dans la mesure où elle impliquait le numéro un du secteur, les responsabilités de l'échec sont largement partagées par l'ensemble des acteurs.

Mais pour certains, l'Etat n'a pas forcément facilité la conclusion d'un accord en ajoutant des conditions difficilement acceptables pour Martin Bouygues en fin de négociations, une situation dont se défend Bercy en assurant que l'Etat n'est pas intervenu durant les 72 dernières heures.

"Ce qui surprend, c'est la manière dont l'Etat s'est comporté à l'égard de Martin Bouygues, il y a eu des demandes excessives et au final blessantes et inacceptables qui ont été ajoutées. Les politiques ont fait en sorte de faire capoter l'accord", assure Stéphane Dubreuil, président du cabinet Stallych Consulting.

Or, si Martin Bouygues envisageait l'idée de céder sa filiale pour entrer au capital d'Orange, il n'a jamais caché le fait qu'il y avait la possibilité de continuer seul si les conditions ne lui convenaient pas, confiant dans les avantages de Bouygues Telecom.

"Notre plan A reste le +stand alone+, notre stratégie fonctionne bien, on a une entreprise en état de marche. Nous avons considéré le plan B mais il n'y a aucun problème à continuer seul", a-t-on répété à plusieurs reprises du côté du groupe industriel.

"Il y a eu un malentendu dès le départ, Martin Bouygues n'a jamais été vendeur de sa société, il est échangeur, le cas échéant, pour rester dans les télécoms, et ça c'est totalement différent", rappelle de son côté M. Dubreuil.

Il n'en reste pas moins que, de l'avis de tous, le secteur a besoin d'une consolidation qui mettrait fin à la guerre des prix tout en redonnant des marges aux entreprises afin de faire face aux importants investissements à venir, tant sur la fibre que dans le mobile.

"Dans les télécoms, on est sur des économies de coût fixe: construire un réseau coûte le même prix pour tous mais l'amortissement est différent selon le parc abonné dont on dispose. Et les investissements s'intensifient car les technologies évoluent de plus en plus vite, les plus fragiles auront plus de difficultés", détaille Sylvain Chevallier.

Et en la matière, SFR et Bouygues Telecom sont les premiers désignés par la majorité des analystes, du fait des retards pris en termes d'investissement sur le réseau mobile d'un côté et la fibre de l'autre, des retards que les deux opérateurs tentent désormais de combler.

"SFR a besoin de faire de la promotion pour reconstituer sa base client et Bouygues Telecom va devoir continuer à se montrer offensif pour faire progresser la sienne, ce sera la guerre dans les prochains mois sur le marché français", estime Thomas Coudry, analyste chez Bryan, Garnier & Co et spécialiste des télécoms.

Pour l'opérateur historique en revanche, la fin des négociations avec Bouygues pourrait lui permettre de repartir à l'assaut du marché européen, pour lequel il n'a jamais caché son intérêt.

"Orange avait un intérêt tactique à freiner au niveau européen, de manière à garder le dossier des négociations sur le terrain franco-français. Désormais, ils vont pouvoir remettre les bouchées doubles", confirme Stéphane Dubreuil.

Un point de vue que rejoint Sylvain Chevallier, rappelant qu'"ils ont continué à acquérir des actifs en Afrique durant les négociations. Ils sont dans cette logique d'expansion et cela ouvre la porte à d'autres opérations".

Et il ne sera pas le seul car Iliad-Free n'a pas caché surveiller l'évolution des choses sur le marché britannique et des remèdes imposés par la Commission européenne au rachat de O2 par Three.

"Xavier Niel lorgne vers le Royaume-Uni, il attend la décision de la Commission, il sera intéressant de voir ce qu'elle va demander comme remèdes et cela pourrait inciter Iliad à mettre ses oeufs plutôt outre-Manche", rappelle ainsi M. Coudry.

 

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