Total condamné à 750.000 euros d'amende en appel pour corruption

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 26 février 2016 - 17:00
Image
L'entrée du siège du groupe Total.
Crédits
©Charles Platiau/Reuters
Relaxé en première instance, Total a été condamné ce vendredi en appel à Paris à 750.000 euros d'amende pour corruption.
©Charles Platiau/Reuters
Le groupe pétrolier français a été condamné ce vendredi en appel à Paris à 750.000 euros pour corruption d'argent public étranger au procès des détournements du programme "Pétrole contre nourriture".

Relaxé en première instance, le groupe pétrolier Total a été condamné ce vendredi 26 février en appel à Paris à 750.000 euros d'amende pour corruption d'agent public étranger au procès des détournements du programme de l'ONU "Pétrole contre nourriture". Cette peine est conforme aux réquisitions de l'avocat général et correspond à la peine maximale encourue à l'époque des faits. Le groupe pétrolier suisse Vitol, qui avait déjà été condamné aux Etats-Unis à payer 17,5 millions de dollars, a quant à lui été condamné à 300.000 euros d'amende.

L'avocat de Total, Maître Jean Veil, s'est dit "déçu" par cette décision, "un pourvoi est possible, mais nécessite que nous puissions prendre connaissance du raisonnement juridique de la cour d'appel", dont les motivations n'étaient pas disponibles vendredi. L'un des prévenus a été relaxé, onze autres prévenus ont été condamnés à des amendes allant de 5.000 euros avec sursis à 100.000 euros.

Parmi eux, l'ancien ambassadeur de France à l'ONU Jean-Bernard Mérimée et l'ancien diplomate Serge Boidevaix, ont été condamnés respectivement à 50.000 et 75.000 euros d'amende. Après huit ans d'instruction et un mois de procès, le tribunal correctionnel de Paris a rendu le 8 juillet 2013 un jugement spectaculaire dans cette affaire, en relaxant tous les prévenus. Le parquet a fait appel contre la majorité d'entre eux. Mais pas contre l'ancien ministre Charles Pasqua et Christophe de Margerie, ex-PDG de Total, dont il était alors directeur pour le Moyen-Orient de la branche "exploration-production". Tous deux sont décédés depuis.

En vigueur de 1996 à 2003, le programme "pétrole contre nourriture" visait à atténuer les effets sur la population irakienne d'un strict embargo de l'ONU décrété après l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990. Il permettait au régime de Saddam Hussein de vendre du pétrole, en quantités limitées et sous contrôle de l'ONU, en échange de biens humanitaires et de consommation. Mais Bagdad avait contourné ce programme par le biais de ventes parallèles et de surfacturations, en distribuant des millions de barils à des personnalités "amies" ou en encaissant des ristournes sur les ventes de pétrole.

Le tribunal correctionnel avait estimé qu'aucune des infractions de "corruption d'agents publics étrangers", "trafic d'influence" ou "abus de biens sociaux" retenues contre les vingt prévenus n'était constituée. Une analyse contestée par le parquet de Paris. Son appel visait notamment les groupes pétroliers français Total et suisse Vitol. Un deuxième volet de cette affaire a abouti le 18 juin dernier à la relaxe de 14 sociétés, dont Renault Trucks, Legrand et Schneider Electric.

Le parquet a là aussi fait appel, le procès en appel de ce deuxième volet est prévu en fin d'année. Le tribunal avait considéré que le système de surcharges de 10% versées sur chacun des contrats avait été "mis en place par les plus hautes autorités irakiennes" et que l'argent avait atterri dans les caisses de la banque centrale irakienne. Il n'était en outre pas établi qu'il y ait eu intervention d'"agents étrangers" ayant bénéficié d'un enrichissement personnel, selon le tribunal. Or ce critère fait partie de la définition du délit de corruption pour lequel étaient renvoyées les sociétés, le délit de violation d'embargo n'existant pas en droit français.

Par ailleurs, le tribunal avait estimé que quatre sociétés ne pouvaient être poursuivies car elles avaient conclu des accords avec le département américain de la Justice et accepté des sanctions des autorités boursières américaines, avec des millions de dollars d'amendes à la clé. Selon un rapport établi en 2005, quelque 2.200 sociétés d'une soixantaine de pays auraient participé au contournement du programme "oil for food" en versant des pots-de-vin au régime irakien.

 

À LIRE AUSSI

Image
L'entrée du siège du groupe Total.
Total gèle ses embauches, Renault prévoit 1.000 recrutements
Ce jeudi le groupe Total a annoncé renoncer à 2.000 recrutements en 2015 en raison des mauvais résultats de 2014. Au contraire le constructeur automobile Renault, aprè...
12 février 2015 - 12:04
Société
Image
A la pompe.
Pétrole : vers une hausse rapide du prix du baril
Le prix du baril de pétrole devrait repartir à la hausse au cours des six prochaines semaines, selon un rapport publié lundi 9 par l'Agence internationale de l'énergie...
10 février 2015 - 12:40
Société
Image
Une raffinerie.
Le pétrole repart à la baisse en Asie en attendant les réserves américaines
En forte baisse depuis plus d'un an, le cours du pétrole continue à chuter du fait d'un excès d'offre. Une situation qui pourrait perdurer en 2016.Les cours du pétrole...
30 décembre 2015 - 11:04
Tendances éco

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.