Vilmorin, belle plante bicentenaire (VIDEO)

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 27 juillet 2015 - 19:32
Mis à jour le 29 juillet 2015 - 14:20
Image
Vilmorin Catalogue 1891
Crédits
©Vilmorin
Un catalogue Vilmorin de 1891.
©Vilmorin
Beaucoup ont de Vilmorin cette image des petits sachets de graines placés au bout des rangées de potager, sur des piquets. Fondée il y a plus de deux siècles, l’entreprise, quatrième semencier mondial, a aussi une histoire riche, mêlant saga familiale, sciences et découvertes.

Plus de 270 ans d’histoire. Rares sont les entreprises qui peuvent se targuer d’un tel héritage. D’autant que Vilmorin est une entreprise qui, bien que longtemps restée familiale, compte parmi les acteurs majeurs du secteur des semences. Durant des décennies, c’est même elle qui a fait la pluie et le beau temps dans ce domaine.

Tout commence en 1743 quand Pierre Andrieux et sa femme Claude Geoffroy ouvrent un magasin de semences, quai de la Mégisserie à Paris (1er), tout près du célèbre marché aux fleurs de la capitale (et qui existe toujours). Tous deux passionnés –lui est botaniste du roi Louis XV et elle maîtresse grainière–, ils transmettent cet amour à leur fille, qui épouse en 1774 un autre féru de plantes, Philippe-Victoire de Vilmorin.

Le couple reprend ensuite la boutique familiale, qu’il rebaptise Vilmorin-Andrieux, nom qu’elle gardera jusqu’en 1986. Collaborateur de l’agronome Auguste Parmentier et membre de l’Académie d’Agriculture de France nouvellement fondée par le roi (1761), Philippe-Victoire de Vilmorin est connu dans toute l’Europe pour ses compétences botaniques.

C’est lui qui introduit en France de nombreuses plantes comme le chêne d’Amérique, la betterave champêtre, ou encore le rutabaga. Auparavant apanage des botanistes, ces végétaux deviennent grâce à lui des produits utilisés pour l’alimentation des hommes et du bétail ainsi qu’à des fins ornementales. Philippe-Victoire de Vilmorin publie également dès 1766 des catalogues dits "raisonnés" (car se voulant le plus exhaustifs possible) de plantes et d’arbres.

Une société enracinée

Partie s’installer à la campagne, c’est-à-dire à une vingtaine de kilomètres de Paris, dans le petit village de Verrières-le-Buisson (Essonne), la famille Vilmorin y implante dès 1815 de nombreuses cultures de semis et un arboretum.

Tout en conservant son magasin parisien, la société développe encore son catalogue, qui passe d’une centaine de variétés à plus de mille, en développant scientifiquement la sélection et l’amélioration des plants.

Comme Boulogne l’est à Renault ou Clermont-Ferrand à Michelin, la ville de Verrières-le-Buisson est clairement associée à Vilmorin. C’est là que poussent, dès 1815, les meilleures essences d’arbres choisies pour fournir en mâts la marine à voile.

C’est là encore que Pierre-Louis-François de Vilmorin, arrière-petit-fils de Philippe-Victoire, mène des recherches sur l’hérédité des plantes, et notamment de la betterave à sucre. Ses résultats, publiés en 1856, sont aujourd’hui encore considérés comme ayant établi les bases de l’industrie semencière moderne.

C’est là enfin que, à la fin du XIXe siècle, de nombreux congrès internationaux sont organisés, où les débats tournent notamment autour de la génétique naissante.

Terreau familial

Vilmorin, un nom qui rayonne alors jusqu’aux antipodes: la société a introduit les premiers pieds de vigne au Japon (1878) ou encore installé une station expérimentale en Russie (début du XXe siècle).

Arrivée au milieu du XXe siècle, la société a vu six générations de Vilmorin, terreau fertile en botanistes, se succéder en son sein. De longue date synonyme d’excellence pour tout ce que l’Europe connaît de savants spécialistes des semences, la société est aussi identifiée par le grand public, publicité aidant, comme la référence dans ce domaine.

Pourtant, Vilmorin a connu des difficultés. Rachetée en 1972 par René Hodée, un semencier angevin, la société a été transférée dans le Maine-et-Loire. Mais l’opération a été un échec et l’homme a cédé l’entreprise à Limagrain, un géant français du secteur, en 1975, qui a relancé l'activité.

L'entreprise n'est donc plus la propriété de la famille fondatrice –à laquelle appartenait également l'écrivaine Louise de Vilmorin (1902-1969), fiancée d'Antoine de Saint-Exupéry et dernier amour d'André Malraux– mais le nom perdure.

Ces dernières années, Vilmorin/Limagrain s'est recentrée sur les activités de jardinerie amateur en France et a accentué ses efforts pour se développer à l’international, notamment en Asie, en Afrique, au Brésil et aux Etats-Unis. La crise entre l'Ukraine et la Russie lui a fait revoir à la baisse, il y a trois mois, ses prévisions de chiffre d'affaires. Mais celui-ci reste à la hausse, l'entreprise continue de gagner des parts de marchés, et est aujourd'hui le quatrième semencier mondial, derrière les américains Monsanto et Pioneer Hi-Bred et le suisse Syngenta.

(Voir ci-dessous, dans les archives de l'INA, une publicité de 1984 pour Vilmorin):

 

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